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Bible et culture
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chronique du 1er avril 2016

 

La souffrance de Job, de Jésus et des Smashing Pumpkins

Smashing Punpkins

Dans le vidéoclip Bullet with butterfly wings des Smashing Pumpkins, la souffrance qui se retrouve à la fois dans les paroles et dans les images porte des connotations bibliques. Devant la douleur, le sang et toutes les souffrances du monde, Billy Corgan dit vouloir être capable de garder son calme comme Job. « Malgré la rage que cause en nous la souffrance, nous sommes coincés dans ce monde, tels des rats, sans savoir si nous serons sauvés un jour. » [1]

     Le texte mentionne également Jésus. Dans une sorte de supplique, le chanteur demande à Dieu de lui assurer son salut comme il l’a fait pour son fils unique. On ressent une grande incertitude à travers cette chanson : à quoi sert toute cette souffrance? Serons-nous libérés un jour? Si Dieu a pu ressusciter son Fils ou lui donner des pouvoirs surnaturels, pourquoi ne fait-il pas la même chose avec nous? Nous tentons de rester calmes, mais toute cette douleur nous enrage.

     Le texte se termine par une sorte de désespoir : « J’ai encore la conviction que je ne peux pas être sauvé. »

     Au niveau des images, la souffrance est représentée par un gigantesque trou dans la terre où « travaillent » des hommes recouverts de boue. Ils creusent, se battent, s’entraident. Ils semblent vouloir sortir du trou, mais y retournent par la suite dans un cycle sans fin. « Je suis nu, rien qu’un animal » nous dit la pièce, « je veux changer ». Mais quelque chose nous empêche de changer. Est-ce Dieu qui nous renvoie ainsi dans la boue malgré nos efforts? La boue, d’ailleurs, a souvent une connotation négative dans la Bible, particulièrement dans le livre de Job où le terme apparaît cinq fois. Les versets 28 à 31 du chapitre 9 jettent une lumière particulière sur la chanson qui nous intéresse ici :

Je reste tourmenté par toutes mes souffrances, et je sais que toi, Dieu, ne m’acquitteras pas. Si de toute façon je ne suis qu’un coupable, à quoi bon me donner de la peine pour rien? J’aurais beau me laver en usant du savon, me nettoyer les mains avec de la potasse, tu me replongerais aussitôt dans la boue. (Job 9,28-31)

     Quelques éléments visuels semblent détonner avec toute la souffrance et la saleté omniprésente dans le clip :

  • L’eau. Dans le vidéoclip, les hommes, esclaves, lèvent les bras au ciel. Ils semblent implorer Dieu de les aider, d’étancher leur soif. L’eau jaillit, mais crée en fin de compte plus de boue, et pousse les hommes vers le fond encore une fois. On ne voit pas d’où vient cette eau, ce qui fait qu’elle semble jaillir de nulle part. On peut penser qu’elle provient de Dieu.

  • La tenue vestimentaire des musiciens, argentée et intacte. Sous les petites étoiles en carton suspendues, on pourrait croire qu’il s’agît d’une représentation d’êtres célestes (surtout d’Arcy, la bassiste, seule femme du vidéoclip) malgré le fait qu’ils soient au fond du trou.

  • Le papillon. Recueilli à la fin, ce papillon est un symbole d’espérance. On repense alors au titre de la pièce : une balle avec des ailes de papillon. Violence et douceur. Souffrance et beauté.

     Au final, il ne reste plus personne, seulement les haut-parleurs au fond du trou. La musique serait-elle un moyen de hurler notre désespoir face à la souffrance et s’en libérer un peu? C’est d’ailleurs la seule pause que prennent les hommes couverts de boue : lorsqu’ils écoutent la musique.
Pierre-Alexandre Richard

[1] Despite all my rage, I am still just a rat in a cage / Then someone will say what is lost can never be saved.

Pierre Alexandre Richard

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Sarah et Tobie, un amour qui dépasse les limites du temps