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chronique du 4 janvier 2008
 

Je vous en supplie, au nom du Christ, acceptez d'être réconciliés avec Dieu…

Lire 2 Corinthiens 5, 14-21

Ce n'est pas toujours facile de « s'entendre »! Les disciples le savent bien eux qui ne comprenaient pas toujours ce que Jésus leur disaient… Malheureusement, même en communiquant, on ne s'entend pas toujours. On dit alors très justement qu'on n'est plus sur la même longueur d'onde. La relation à l'autre passe par l'écoute et parfois, les ondes se brouillent. Impossible de s'entendre, puis rapidement de s'écouter. La relation dégénère en conflit.

     Le monde qui nous entoure grouille de ces conflits et l'actualité en est témoin chaque jour : les guerres bien sûr, les actes terroristes, mais aussi les conflits de voisinage, conflits de génération, conflits familiaux. Ces relations conflictuelles, selon une expression devenue consacrée, nous rendent la vie difficile, même quand on essaye de les fuir, de les oublier, ou de faire comme s'ils n'existaient pas. Relations d'amitié rompues, argumentations incessantes en famille, tracas quotidiens, mauvaises nouvelles permanentes, morosité ambiante… Tous ces bâtons dans nos roues qui empêchent la vie de continuer joyeusement nous restent la plupart du temps en travers de la gorge. Mais qu’y faire?

     L'apôtre Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, invite ses lecteurs à dépasser ces conflits : il les invite à la réconciliation! Il les encourage même à devenir ambassadeur de la réconciliation!

     Arrêtons-nous sur le terme « réconciliation ». Celui-ci ne désigne pas ici la décision de deux adversaires de parvenir à un accord de paix. Il désigne la décision unilatérale d'un souverain d'accorder sa grâce à un plus faible; le mot était dans l'antiquité, synonyme d'amnistie. Quand César avait reconstruisit la ville de Corinthe, en 44 av. JC, il avait proclamé une amnistie, une réconciliation générale. Ainsi des personnes avaient pu, dans cette ville, recommencer une vie nouvelle et tirer un trait sur leur passé douteux.

     Ce n'est donc pas par hasard que Paul utilise ce terme dans sa lettre à l'Église de Corinthe. D'autant plus que les relations de l'Apôtre avec les chrétiens de Corinthe sont plutôt tumultueuses, marquées par les différents et les tentatives de conciliation, par lettre ou par l'envoi de messagers. Finalement, le dernier ambassadeur de Paul réussit sa mission et il peut rédiger cette lettre, enfin réconforté. Il vient donc de vivre une véritable réconciliation avec cette Église.

     Et Paul nous donne des pistes concrètes de mise en oeuvre de la réconciliation. Dans le texte, nous en trouvons quatre :

  1. ne plus vivre pour soi-même, au verset 15
  2. ne plus considérer l'autre d'un point de vue purement humain, au verset 16
  3. risquer l'entièrement nouveau, puisque l'ancien a disparu, au verset 17
  4. ne plus tenir compte des fautes d'autrui, au verset 19.

     Tout un programme, simple à lire, mais pour ce qui est de le vivre… Reprenons, si vous le voulez bien, les propositions de Paul :

Lever les yeux de son nombril

     Comme premier argument, Paul remet l'église au milieu du village, dirons-nous; il replace la Croix du Christ au cœur et au centre de notre foi. Il exhorte ses lecteurs à élever leur regard à l'essentiel : Tenez-vous au pied de la croix, regardez le crucifié : les étroitesses d’esprit et les dissensions ont-elles encore un sens? Quel est le poids de vos discordes devant le choc salutaire du tombeau vide?

Jouer à trouver des qualités

     Avec la deuxième piste, Paul nous propose de ne plus considérer l'autre d'un point de vue purement humain. Nous pourrions aussi dire, de le regarder avec les yeux de Dieu… Savoir qu'en chacune, chacun, se cache une merveille [1]. Vouloir voir d'abord cette merveille, avant de s'arrêter aux apparences, à ce qui dérange, ce qui choque.

     En théorie, cela paraît simple. En pratique c’est une autre histoire. Je me souviens, adolescente, d'avoir joué à un jeu avec une amie : nous regardions les gens assis dans le bus et nous essayions de leur trouver à chacun une qualité. Ce n'était pas si facile! Allez savoir pourquoi le gros nez du monsieur était bien plus visible que ses qualités humaines d'écoute ou ses capacités à gérer son stress? « On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux » dit le renard du Petit Prince de Saint-Exupéry. Et ce qui vaut pour les autres vaut pour nous aussi : les autres nous regardent de la manière dont nous les regardons. Quel soulagement de savoir que Dieu et ceux qui me sont proches me voient autrement. Leur regard d'amour me permet de devenir moi-même, de cheminer. C'est un regard libérateur et non un regard qui m'enferme dans mes défauts, un regard réducteur… et  ce regard libérateur est celui que l'Apôtre nous invite à poser sur les autres.

Pas de révision générale, du neuf

     La troisièmes piste  nous invite à risquer l'entièrement nouveau… Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature, dit l'Apôtre. Pas une personne renouvelée ou améliorée, mais une créature entièrement neuve. Une nouvelle personne. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là. Mais la nouveauté fait peur. Car l'ancien, même imparfait, a le mérite que nous le connaissons, ce qui est rassurant. Il n'est pas facile de lâcher prise et de se laisser aller à l'inconnu. Nous nous accrochons tous à nos certitudes, à nos habitudes, à notre travail… Je me rappelle de mon seul et unique saut en parachute : quelle angoisse avant de sauter dans le vide! Même si je savais (dans ma tête) que je ne risquais rien, mes émotions, mon corps me signalaient vivement leur désaccord. Et le poète nous dit : « Et si risquer Dieu, c'était risquer sa vie, comme on risque une merveilleuse aventure… ».

Une grosse croix en travers de l’ardoise

     La quatrième et dernière piste est celle du pardon. Dieu, pour nous réconcilier avec Lui ne tient plus compte de nos fautes. Le texte ne nous dit pas qu'il les a oubliées mais qu'il a volontairement passé par dessus, qu'il ne veut plus en tenir compte. C'est une histoire de comptabilité : Dieu ne compte plus nos fautes, Il a mis une grosse croix dessus, celle du Christ.

     Savez-vous ce que signifie le terme « péché »? Il ne veut pas dire d'abord, comme nous le croyons souvent, « tare de naissance », mais rupture de relation avec Dieu.  En effaçant nos péchés, Dieu refuse cette rupture de relation. C'est extraordinaire, non? Dieu décide de mettre une croix sur nos égarement, nos contradictions, nos essais manqués, Il décide de sauvegarder la relation avec nous, envers et contre tout.

     Nous tenons tellement le compte de tous nos griefs que nous avons de la peine à les biffer. Paul nous invite à effacer les ardoises de nos rancœurs.

Se laisser réconcilier avant d’être réconciliateur

     Magnifique programme, bien sûr, mais assez utopique à première vue! Qu’est-ce qui pourrait le rendre réalisable? Pour Paul, il faut passer soi-même par une véritable réconciliation de Dieu. Être le « réconcilié », avant de devenir le « réconciliateur ». Accueillir de manière inconditionnelle l’amnistie inconditionnelle qui nous est offerte. Plus de protestations, de peurs, de performances, de contorsions souffrantes. C'est la réconciliation donnée gratuitement par Dieu qui nous change. Ce n'est pas si compliqué, il suffit de l'accepter…

     Et si nous l'acceptons, cette réconciliation avec Dieu, nous met en route. C'est le message central du texte au verset 18 :  « Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconcilié avec Lui par le Christ et qui nous a confié la tâche d'amener d'autres hommes à être réconcilié avec Lui. »

     Une nouvelle carrière s’ouvre à nous, une nouvelle vie. Nous voilà ambassadeur, ambassadrice, de la réconciliation au nom du Christ (verset 20); nous allons prendre la parole au nom du Christ. C'est une mission très officielle. Voyez quelle confiance Dieu nous témoigne là! Il nous nomme représentants officiels de son Royaume. C'est à travers nous, chrétiens, que Dieu lance cet appel au monde : « Je vous en supplie, au nom du Christ, acceptez d'être réconciliés avec Dieu… »

Nathalie Henchoz

Notes

[1] Cf. Psaume 139.

Chronique précédente :
Une femme déraisonnable donne le ton

 

 

 

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