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Justice sociale
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chronique du 12 septembre 2003
 

Par où commence notre mission en Amérique du Nord?

Récit évangélique : Le reniement de Pierre

Pierre était en bas, dans la cour du palais.
Une servante du grand prêtre le vit en train de se chauffer.
Elle le dévisagea et dit :
- Toi aussi, tu étais avec Jésus le Nazarénien.
Mais il nia :
- Je ne le connais pas. Je ne sais pas de quoi tu parles.
Et il sortit sur le porche.
Un coq chanta.
- Il fait partie de la bande, répétait la servante.
Mais Pierre continuait à nier.
Au bout d'un moment, ceux qui se trouvaient là lui dirent :
- C'est sûr, tu en fais partie. D'ailleurs tu es galiléen.
Il jura :
- Je ne sais même pas de quel homme vous parlez. Pour la seconde fois,
un coq chanta.
Pierre se rappela ce que lui avait dit Jésus :
« Avant que le coq ait chanté deux fois, tu m'auras renié trois fois. »
Et il éclata en sanglots.

(Marc 14, 66-72)

Contexte social

Dernier discours du président Allende au peuple chilien, le jour du coup d'état militaire.

« Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées. Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer, mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. À propos de ceux qui ont soi-disant « autoproclamé » la démocratie, ils ont incité la révolte, et ont d'une façon insensée et douteuse mené le Chili dans le gouffre. Dans l'intérêt suprême du peuple, au nom de la patrie, je vous exhorte à garder l'espoir. L'histoire ne s'arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C'est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu'ils nous écrasent, mais l'avenir appartiendra au peuple, aux travailleurs. L'humanité avance vers la conquête d'une vie meilleure. »

(Dr Salvador Allende, à la Radio Magallanes le 11 septembre 1973)

Réflexion

     Les paroisses sont absorbées à se réorganiser. Le vêtement de l'Église est devenu trop grand après la cure d'amaigrissement qui l'a fait fondre depuis trente ans. Maintenant, par où commence notre mission dans la société nord-américaine où nous sommes enracinés ?

Le meilleur pays du monde ?

     Au Canada, nous reposons sur le flanc de l'unique grande puissance mondiale, laquelle impose sa logique violente partout : 86% de notre économie dépend du marché étasunien. Nous défendons bec et ongles notre niveau de vie élevé, notre droit de consommer et de polluer. Avec les sept Grands, nous fixons les règles de l'économie mondiale, contribuant à exclure des continents entiers par des ajustements structurels qui condamnent des milliards à crever. Chez nous, les stars sont adorées, les gagnants sont nos idoles, seuls les meilleurs ont droit de cité. En face, je vois défiler la masse des exclus : travailleuses et travailleurs précaires et appauvris, prestataires de l'aide sociale, femmes victimes de violence, enfants pauvres, sans-logis, itinérants, vieillards improductifs. Nos frontières se ferment aux réfugiés. Les forêts sont rasées et l'eau est source de profit. L'individualisme détrône la solidarité, au plus fort la poche.

Une Église en état d'apostasie

     Comme Pierre, les disciples d'aujourd'hui sommes installés dans la cour du palais et nous nous réchauffons au feu douillet d'un système injuste, violent et cruel, pendant que Jésus est torturé et que ses cris tragiques parviennent à nos oreilles. « Je ne sais même pas de quel homme vous parlez. » Comme Pierre, nous voulons suivre Jésus jusqu'au bout, mais nous l'avons abandonné par notre mode de vie. Nous sommes inconscients, mais pas innocents. Nous nous tenons à l'écart - c'est le sens du mot apostasie. Jésus est abandonné par les siens ! « Croyez-en ma parole, chaque fois que vous n'avez rien fait pour venir en aide ne serait-ce qu'à un seul de ces petits, c'est à moi que vous n'avez rien fait. »

Que le coq chante !

     « Un coq chanta. Pierre se rappela de ce que lui avait dit Jésus et il éclata en sanglots. » Les larmes de Pierre marquent son éveil, sa conversion, son retournement; c'est à ce moment qu'il devient vraiment disciple. Nous en sommes là comme Église : nous rappeler les paroles de Jésus et confesser que nous l'avons abandonné. Il n'y aura pas de mission en Amérique du Nord sans une rupture radicale avec le système dominant. C'est Dieu ou l'Argent : nous ne pouvons continuer à servir deux maîtres. Le temps est à la repentance, au silence et aux choix déchirants. Alors seulement la mission pourra commencer, car nous aurons retrouvé le Souffle du ressuscité pour annoncer qu'un autre monde est possible.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Bénédiction maternelle

 

 

 

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