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Justice sociale
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chronique du 27 mars 2009
 

Mouillons-nous pour sauver l’eau du désastre

L'eau

Illustration © Philippe Tastet

Actualité : Forum mondial de l'eau
L’eau ne serait pas un droit humain fondamental ?

     Le temps de « l'eau facile » est révolu. Le message a traversé les débats du 5e Forum mondial de l'eau, qui s'est achevé à Istanbul sur une déclaration politique jugée par nombre de participants fade et inadaptée à l'urgence : modifier la consommation de l’eau, en particulier dans l’agriculture, lutter contre la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques et collecter et traiter les eaux usées.

     Pendant une semaine plus de 25 000 personnes ont débattu des moyens de protéger et de préserver cette ressource, sous la double pression de la croissance démographique (9 milliards d'humains en 2050 contre 6,5 milliards aujourd'hui) et du réchauffement climatique.

     Rappelons qu’un milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable et que 2,5 milliards ne profitent pas d’un système sanitaire décent. Environ 80 % des maladies des pays en développement (diarrhées, choléra...) sont liées à l'eau tandis qu’au Québec, nous consommons 335 litres d’eau potable chaque jour!

     « Il est choquant de voir que, pour la première cause de mortalité dans le monde, il n'y a pas plus de mobilisation politique », regrette la secrétaire d'État française à l'Écologie, Chantal Jouanno.

Le Devoir du 23 mars 2009 ; extraits de AFP.

Texte biblique : Apocalypse 21-22

Jean a une vision : il aperçoit la cité nouvelle sur une terre nouvelle. Au milieu de celle-ci, l’eau de vie jaillit en abondance..

« Puis le messager me montra un fleuve d’eau de vie resplendissant comme du cristal et qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et des deux bras du fleuve un arbre de vie fructifiait, douze fois : chaque mois il rend des fruits, et les feuilles de l’arbre servent à guérir les nations. Il n’y aura plus de malédiction désormais; le trône de Dieu et de l’agneau sera là, et ses serviteurs lui rendront un culte. Ils verront son visage, son nom sera sur leurs fronts. Il n’y aura pas de nuit désormais, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu les illuminera et ils régneront pour les éternités d’éternités. (22, 1-6)

Commentaire

     La Bible commence en nous présentant une terre vide et un mouvement au-dessus des eaux. Dieu amorce la création en mettant en place les eaux et en les séparant de la terre. Puis il crée une foule aquatique vivante et foisonnante. (Gn 1, 1.9.20)
Mais après une certaine période Dieu dit au juste Noé :

« YHWH voit sur la terre le mal immense de l’adam et au quotidien tous ses mauvais projets… » 

« Moi je vais faire abattre le déluge, des trombes d’eau sur la terre pour ruiner toute chair qui respire et vit sous le ciel. » (Gn 6,5.17)

     Puis c’est de nouveau l’alliance avec la terre, la bénédiction de la vie :

« Me voici moi pour soutenir mon alliance avec vous et après vous avec tous ceux de votre semence et avec tous les êtres vivants avec vous, tout ce qui vole, toutes les bêtes et chaque animal du monde avec vous, tous les rescapés de l’arche, toute la faune de la terre. »

     Bien sûr il s’agit là de récits mythologiques visant à proposer à l’humain le sens de sa vie au milieu de la création. Il ne s’agit pas de récits « historiques » comme tels, mais plutôt de théologie de la création. La vie est un don de Dieu, elle surgit du trop-plein de son existence. Dieu a créé un monde où chaque élément a sa place et l’eau est au cœur de ce projet, tant pour la vie que pour la mort.

     La question que la Genèse nous pose réside dans le constat que Dieu fait : YHWH regrette d’avoir fait l’adam sur la terre et se tourne douleur vers son cœur. N’avons-nous pas parfois exprimé nous aussi ce désespoir face aux agissements de l’adam, de cette être de terre que nous sommes? N’est-il pas devenu pénible de regarder les nouvelles et voir la famille humaine s’entretuer, détruire son environnement, empoisonner les océans. Pour la première fois dans l’histoire de cette planète, l’espèce humaine a le pouvoir réel de s’autodétruire et d’éliminer la vie sur terre. 

     Aussi est-il urgent de recentrer notre foi sur l’essentiel : faire alliance avec la Source de la vie pour recréer un ciel nouveau et une terre nouvelle. L’apocalypse ne rime pas avec guerres d’exterminations comme Hollywood l’a imaginé; ce livre est destiné à redonner espoir à ceux et celles qui ont choisi la vie dans une période de grandes ténèbres. Aussi la vision de Jean, l’auteur du livre, est-elle d’une grande actualité : l’eau surgit du trône de Dieu comme un don de vie à toute l’humanité et cette eau jaillissante se répand sur toute la terre. C’est une eau qui donne fécondité aux arbres de vie dont les fruits nous nourrissent et dont les feuilles nous guérissent.

     Voilà l’utopie qu’à travers ses mythes et ses visions la Bible nous présente. Dieu ne fait pas alliance seulement avec nous, les adams, mais avec tout ce qui vit. L’eau est un don fait à l’humanité entière, un bien commun à gérer avec sagesse. La problématique de l’eau est mondiale, on ne peut la gérer pays par pays. L’eau ne se laisse pas enfermer dans nos étroites frontières nationales.

     Je me permets de citer ici une autorité en la matière, Ricardo Petrella, dans son livre Nouvelle conquête de l’or bleu :

La quantité de l'eau ne peut ni diminuer (comme celle du pétrole, du gaz ou des minerais, ressources non renouvelables) ni augmenter, comme la production agricole,  grâce à des gains de productivité. C'est donc un volume en constant recyclage, mais fini - au sens mathématique du terme - et, de surcroît, dégradé par les pollutions, qui fait l'objet d'une demande en croissance permanente. D'où la nécessité d'arbitrages entre utilisateurs actuels et potentiels, et parfois entre communautés ou États inégalement dotés. Avec cette contrainte supplémentaire que, comme l'air, l'eau est indispensable à la vie. Ce bien rare doit-il être soumis à l'hégémonie des marchés ou traité comme un patrimoine commun de l'humanité?
 
L'or bleu excite la convoitise des financiers, qui y voient une source de profits potentiellement illimités, à l'abri des aléas de la « nouvelle économie ». À cet accaparement, déjà largement réalisé dans de nombreux pays, doit s'opposer une logique de rappropriation publique et démocratique. En premier lieu pour donner au milliard d'êtres humains qui en sont privés l'accès de plein droit à cette ressource vitale.

     Voici donc que les croyants et croyantes qui se reconnaissent comme issus d’un unique Souffle créateur, que nous soyons juifs, chrétiens ou musulmans ou que nous réclamions d’une religion traditionnelle ou encore du bouddhisme ou de l’hindouisme, nous partageons tous une même conviction : nous avons une alliance, disons interdépendance, avec la vie sous toute ses formes et nous avons l’impérieuse responsabilité de la protéger. La question de l’eau est pour nous une priorité religieuse beaucoup plus fondamentale que toutes les lois et coutumes qui caractérisent nos religions : l’eau est un don du ciel essentiel à la vie, ce qu’il y a de plus sacré.

     Jésus lui-même n’a-t-il pas inscrit l’eau partagée comme une condition sine qua non de l’entrée dans son Monde : « J’avais soif et vous ne m’avez pas donné à boire… eh bien allez au diable! »

     Disciples de Jésus de Nazareth, nous nous apprêtons à célébrer Pâques : une fête liée à l’eau. Des esclaves sous la conduite de Moïse trouvent la liberté en traversant la Mer Rouge. C’est après avoir célébré cette fête juive que Jésus sera assassiné pour avoir promis la libération des pauvres. Pâques célèbre le relèvement de Jésus par le rite de l’eau régénératrice : durant la soirée pascale, on relit les grands textes sur l’eau et on immerge les nouveaux disciples dans l’eau du baptême. Beaux rituels souvent très formels, sans liens réels avec la réalité de notre planète.

     Ne serait-il pas opportun de célébrer la Pâques en invitant les croyantes et les croyants à s’impliquer comme citoyennes et citoyens. Des organismes comme la Coalition québécoise « Eau Secours » revendiquent et promeuvent une gestion responsable de l’eau dans une perspective de santé publique, d’équité, d’accessibilité, de défense collective des droits de la population, d’amélioration des compétences citoyennes des citoyens, de développement durable et de souveraineté collective sur cette ressource vitale et stratégique. Voilà une façon de pratiquer sa religion en esprit et en vérité : se mouiller!

http://www.eausecours.org/public/zindex.htm

http://www.in-terre-actif.com/fr/show.php?id=5039  

http://www.oikoumene.org/fr/activities/roe/ressources-et-liens/sept-semaines-pour-leau.html

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le revirement de Paul de Tarse

 

 

 

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