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Justice sociale
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chronique du 24 juin 2011

 

Conflit israélo-palestinien : Dieu a-t-il donné cette terre à Israël?

Freedom Flotilla

Actualité : La Flottille de la Liberté II mettra le cap sur Gaza très bientôt

Nous formons une coalition arc-en-ciel de défense des droits humains. Cela ne concerne pas seulement les Musulmans, mais tout un chacun, qu’on soit Musulman, Chrétien, Juif, Hindou, laïque ou autre. Ceci est l’expression d’une citoyenneté mondiale unie. Notre destination est Gaza. Nous moyens sont non violents. Notre but est de faire lever le siège illégal, complètement et définitivement et contribuer à la paix pour le peuple palestinien.

Avec des campagnes nationales dans plus de 20 pays et quelques 10 navires en préparation, la Flottille de la Liberté II « Restons humains » est sur le point de mettre le cap sur Gaza afin de briser le blocus illégal d’Israël. Un navire canadien fait partie de la Flottille de la Liberté qui appareillera à la fin de juin 2011. Grâce à la mobilisation d’organisations québécoises et canadiennes,  le « Tahir » (Liberté) veut alerter l’opinion publique du Canada sur l’illégalité du siège de Gaza et ses conséquences humanitaires et du même coup dénonce la politique de soutien inconditionnel du gouvernement canadien au gouvernement israélien.

Source : tahir.ca d'après le journal Le Devoir

Premier livre de Samuel

La guerre reprit. David partit combattre les Philistins et leur infligea une telle défaite qu'ils s'enfuirent devant lui. Un jour, l'esprit mauvais envoyé par le Seigneur s'empara de Saül, alors qu'il était chez lui, sa lance à la main. David était en train de jouer de la lyre. D'un coup de lance, Saül tenta de clouer David au mur, mais David s'écarta et la lance se planta dans le mur. David put s'échapper sain et sauf cette nuit-là. Saül envoya des gens surveiller la maison de David afin de le mettre à mort au matin. Mais Mikal, la femme de David, l'en informa et lui dit : « Si tu ne te sauves pas cette nuit, demain tu es un homme mort ! » Elle le fit alors descendre par la fenêtre et il s'enfuit pour sauver sa vie. (19,8-12)

Là-dessus, David quitta Gath et se réfugia dans la caverne d'Adoullam. Lorsque ses frères et tous les siens l'apprirent, ils vinrent l'y rejoindre. De plus, des gens en difficulté, des endettés, des mécontents, en tout quatre cents personnes environ, se rassemblèrent auprès de lui. Il devint leur chef. D'Adoullam, David se rendit à Mispé, en Moab, et dit au roi de Moab : « Permets que mon père et ma mère viennent s'installer chez toi jusqu'à ce que je sache ce que Dieu veut faire de moi. » David les conduisit à la cour du roi de Moab, où ils demeurèrent pendant tout le temps que David resta dans son refuge. Un jour, le prophète Gad dit à David : « Ne reste pas dans ce refuge, rentre au pays de Juda. » David partit donc et se rendit dans la forêt de Héreth. (22,1-5)

Commentaire

     Nous sommes souvent confus et incapables de bien saisir les enjeux présents dans le conflit israélo-palestinien. Nos médias reflètent surtout les positions politiques favorables aux politiques de l’État d’Israël et nous présentent les Palestiniens comme des agresseurs terroristes. Puis il se trouve des croyants, Juifs et Chrétiens, qui relisent des textes anciens de leurs Écritures comme si ceux-ci parlaient d’évènements qui se passent aujourd’hui.

     Cette approche fondamentaliste, qui prend les textes au pied de la lettre sans tenir compte de l’intention de l’auteur biblique, est très courante. Ces gens affirment que Dieu a vraiment créé le monde en six jours en se basant sur le récit de la Genèse. Par exemple, des prophètes bibliques, après la destruction de Jérusalem et la dispersion des classes dirigeantes de Juda à Babylone en 598 av. J.C. ont voulu ranimer l’espoir des déportés en leur annonçant que Dieu les ramènerait sur leur terre un jour. À partir ce ces textes, les fondamentalistes affirment que la création de l’État d’Israël en 1948 fut un miracle et que les prophètes l’avaient prévu il y a 2400 ans. Dans une chronique religieuse, je lis ce qui suit : « Le prophète Ézéquiel nous avertit qu’une coalition menée par la Russie et alliée entre autres à la Perse (l’Iran), tentera d’envahir Israël dans le futur (voir Ézéquiel 38 et 39) »! Ça ne s’invente pas!

     Il y a trois mille ans, David combattait les Philistins. Les Philistins, émigrés des îles grecques, étaient venu s’établir sur la côte du pays de Canaan vers 1250 av. J.C., à l’époque où Moïse prenait la tête d’un groupe d’esclaves révoltés et fuyait l’Égypte vers le désert. Ce sont d’ailleurs ces Philistins qui nous ont laissé la dénomination moderne de Palestine attribué aujourd’hui à cette terre. Mais à cette époque, on parlait de la terre de Canaan.

     David est un militaire israélite populaire, adulé par le peuple pour ses exploits guerriers et détesté par le roi Saül qui voit en lui un rival dangereux. Obligé à fuir la cour royale, David va se cacher dans des cavernes, rassemble sa famille, ses animaux et « des gens en difficulté, des endettés, des mécontents, en tout quatre cents personnes environ, se rassemblèrent auprès de lui. Il devint leur chef. » Il fait alliance avec le roi de Moab, ennemi de Saül.

     À l’époque, la  terre de Canaan est occupée par des cités-état. Chaque ville est un petit royaume avec une forteresse en son centre : y vivent emmurés le roi et son harem, ses officiers et ses prêtres : palais, temple et caserne. Le roi tient en servitude toute la population paysanne et est le propriétaire de toutes les terres qui entourent la ville. Ces petits royaumes doivent faire alliance avec un plus puissant pour se protéger contre leurs voisins. Les empires se succèdent : Hittites, Égypte, Babylone, Assyrie, Perse… et les petits royaumes tentent de se placer du côté du plus fort; de mauvais calculs peuvent signifier leur perte.

     Depuis le XVe siècle av. J.C., l’histoire ancienne témoigne de groupes d’Apirus, des insurgés qui refusent de se soumettre à ces roitelets. Ils vivent en marge du système dominant, pratiquent une vie semi-nomade dans les zones désertiques peu fertiles ou développent des techniques pour habiter des montagnes difficiles d’accès, où les chars de guerre ne peuvent se rendre.

     L’exemple de David dans ce texte est typique de ce genre de groupes vers l’an 1000. Il s’agit d’un ramassis de gens en rupture de ban avec les royaumes. Moïse en a été un autre exemple : portant un nom égyptien et rattaché à la cour du Pharaon, il est disgracié par le pouvoir et prend parti pour les gens de son peuple. Il quitte la ville de Ramsès, nous dit l’Exode, avec ses gens et « une foule d’origine diverses partirent en même temps qu’eux. » (Exode 12,18) Un mélange d’éleveurs, de petits horticulteurs, de pêcheurs ainsi que des prisonniers de guerre et des immigrants venus de Canaan et dégoûtés de leurs conditions de servitude dans le delta du Nil.

     Même si la vision religieuse traditionnelle de la Bible hébraïque raconte que l’histoire d’Israël commence avec les patriarches Abraham, Isaac et Jacob ou que d’autres situent les origines de ce peuple avec l’épopée de Moïse, le véritable commencement historique d’Israël ne commence à se développer qu’en la terre de Canaan, parmi ces groupes marginaux en révolte. Le groupe de proto-israélites de Moïse qui fait dans le désert du Sinaï l’expérience d’un Dieu qui prend parti pour les esclaves – chose surprenante et déroutante dans le monde ancien où les dieux étaient toujours là pour valider le pouvoir des rois, - ce groupe finira par s’infiltrer en Canaan à la recherche de terres. Au cours des 250 ans qui précèdent la monarchie de David, de nombreux groupes se forment en Canaan et s’unissent en une confédération de tribus, inspirés par la foi au Dieu de Moïse, défenseur des opprimés.  

     Chaque année, ces tribus dont le nombre variera au cours des siècles, renouvellent à Sichem leur alliance : ils s’engagent à secourir toute tribu menacée par la famine en partageant leurs produits alimentaires; ils s’uniront à une tribu menacée en lui fournissant des guerriers pour la défendre. Ces communautés tribalisées possèdent la terre en commun, ne paient aucun impôts ni taxes, n’ont pas de rois ni de chefs et ne possèdent pas d’armée professionnelle. Longtemps après, lorsqu’Israël se sera donné un roi à partir de David, les prophètes resteront nostalgiques du temps où c’était Yahvé qui régnait sur son peuple et que personne ne prétendait prendre sa place de Roi. Samuel décrira avec indignation ce que signifie l’oppression de la monarchie pour son Dieu (1 S 8).

     Cette expérience des tribus d’Israël, formée de gens de diverses ethnies cananéennes ou autres, est à l’origine historique du peuple d’Israël. Une nouvelle société cananéenne égalitaire, coalition de secteurs sociaux antiétatiques, unie par le culte à YHWH, assuré par les Lévites s’est développée sur la terre de Canaan. Cette identité s’est donné dès le début le nom d’ISRA’EL.

     Cette vision des choses a été étayée dans le livre de Norman K. Gottwald, The Tribes of Yahweh [1]. Ce bibliste nous livre un ouvrage imposant sur la sociologie de la religion d’Israël libéré. Résumé ici beaucoup trop succinctement, il démolit toute prétention d’un peuple choisi venu d’ailleurs qui aurait reçu de Dieu une terre en exclusivité. Bien au contraire, la religion yahviste a toujours placé Dieu du côté des plus faibles, des groupes exploités, écrasés, soumis à la servitude. La signature du Dieu de la Bible est toujours la même : « Moi-même, IHVH, ton Elohîm qui t’ai fait sortir de la terre de Misraîm, de la maison de la servitude. » Ce Dieu met en garde de ne jamais le manipuler à des fins détournées : « Te ne porteras pas le nom de IHVH, ton Elohîm en vain. » (Exode 20,2.7)

Les hommes se permettent la folie de s’approprier les noms de Dieu, dont ils font des armes pour leurs guerres… Quand un peuple inscrit sur ses étendards le Nom, il agit comme certains dirigeants dictateurs qui « divinisent » leurs ambitions. Utiliser le Nom mêlé à l’amertume de nos haines et de nos ambitions comme arme de combat dans quelque guerre que ce soit ressort de l’idolâtrie et est une trahison de l’Être créateur de vie et de paix. [2]

[1] Norman K. Gottwald, The Tribes of Yahweh, New York, Orbis Books, 1979.

[2] André Chouraqui, Les dix commandements aujourd’hui, p. 110.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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