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Justice sociale
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chronique du 23 mai 2014

 

Réjouissez-vous de sa destruction, peuple de Dieu, apôtres et prophètes !

Empires, vampires sont tombés

Jeanne Vanasse
Empires, vampires sont tombés , 2012
acrylique, 51 x 61 cm
(photo : Gilles Rioux)


Après cela, je vis un autre ange descendre du ciel. Il avait un grand pouvoir, et sa splendeur illumina la terre entière.  Il cria avec force : « Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone ! Maintenant, c'est un lieu habité par des démons, un refuge pour toutes sortes d'esprits mauvais ; c'est là que vivent toutes sortes d'oiseaux et d'animaux impurs et répugnants.  Toutes les nations ont bu le vin de sa furieuse immoralité. Les rois de la terre se sont livrés à l'immoralité avec elle  et les marchands de la terre se sont enrichis de son luxe démesuré. »

Puis j'entendis une autre voix qui venait du ciel et disait : « Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin de ne pas être complices de ses péchés et de ne pas subir avec elle les fléaux qui vont la frapper.  Car ses péchés se sont entassés jusqu'au ciel et Dieu n'a pas oublié ses ignobles actions.  Traitez-la comme elle a traité les autres, payez-lui le double de ce qu'elle a fait. Remplissez sa coupe d'une boisson deux fois plus forte que celle qu'elle a fait boire aux autres.  Infligez-lui autant de tourment et de malheur qu'elle s'est accordé de gloire et de luxe. Elle se dit en elle-même : « Je siège ici comme une reine, je ne suis pas veuve et je ne connaîtrai jamais le deuil. »  Voilà pourquoi les fléaux qui lui sont réservés vont tous s'abattre sur elle en un seul jour : maladie mortelle, deuil et famine; elle sera détruite par le feu. Car il est puissant le Seigneur Dieu qui l'a jugée. »

Les rois de la terre, qui se sont livrés avec elle à l'immoralité et au luxe, pleureront et se lamenteront à son sujet, quand ils verront la fumée de la ville incendiée.  Ils se tiendront à bonne distance, par peur du châtiment qui est le sien, et ils diront : « Malheur ! Quel malheur ! O Babylone, ville grande et puissante ! Une seule heure a suffi pour que la condamnation te frappe ! »
Les marchands de la terre pleurent aussi et se lamentent à son sujet, parce que personne n'achète plus leurs marchandises :  or, argent, pierres précieuses et perles ; fines toiles de lin, précieuses étoffes rouges et écarlates, soie ; toute sorte de bois rares, toute espèce d'objets en ivoire, bois précieux, bronze, fer ou marbre ;  cannelle et autres épices, parfums, myrrhe et encens ; vin, huile, farine et blé ; bœufs et moutons, chevaux et chars, esclaves et même vies humaines.  « Ah ! dit-on, tous les produits que tu désirais ont disparu de chez toi, toutes tes richesses et ton luxe sont perdus pour toi, et on ne les retrouvera plus jamais ! »  Les marchands qui se sont enrichis en faisant du commerce dans cette ville, se tiendront à bonne distance par peur du châtiment qui est le sien. Ils pleureront et se lamenteront ;  ils diront : « Malheur ! Quel malheur pour la grande ville ! Elle était vêtue d'un fin tissu de lin, de précieuses étoffes rouges et écarlates, elle était chargée de bijoux d'or, de pierres précieuses et de perles.  Et une seule heure a suffi pour que disparaisse toute cette richesse ! »
Tous les capitaines de navires et leurs passagers, les marins et tous ceux qui gagnent leur vie sur la mer, se tenaient à bonne distance  et s'écriaient en voyant la fumée de la ville incendiée : « Il n'y a jamais eu de ville aussi grande que celle-ci ! »  Ils se jetaient de la poussière sur la tête, ils pleuraient, se lamentaient et criaient : « Malheur ! Quel malheur pour la grande ville ! C'est de sa richesse que s'enrichissaient tous ceux qui ont des navires sur la mer. Et une seule heure a suffi pour que tout cela disparaisse ! »

Réjouis-toi de sa destruction, ciel ! Réjouissez-vous peuple de Dieu, apôtres et prophètes ! Car Dieu l'a jugée pour le mal qu'elle vous a fait !

Alors un ange puissant prit une pierre semblable à une grande meule à blé et la jeta dans la mer en disant : « C'est ainsi que la grande ville de Babylone sera précipitée avec violence, et on ne la reverra plus jamais.  On n'entendra plus jamais chez toi la musique des harpistes et des chanteurs, des joueurs de flûte et de trompette. On n'y trouvera plus aucun artisan quelconque ; on n'y entendra plus le bruit de la meule à blé.  La lumière de la lampe ne brillera plus jamais chez toi ; on n'y entendra plus la voix des jeunes mariés. Tes marchands étaient les plus importants du monde, et par tes pratiques de magie tu as égaré tous les peuples. »

 C'est à Babylone qu'a coulé le sang des prophètes et du peuple de Dieu, le sang de tous ceux qui ont été massacrés sur la terre.

Apocalypse 18

Pour avoir été partie prenante de la résistance durant la dictature de Pinochet au Chili, ce texte me parle beaucoup : chaque fois que les gens prenaient la rue pour une revendication quelconque concernant les disparitions forcées, les exécutions sommaires, la torture, le droit d’association, la démocratie, le même cri résonnait comme un mantra dans les rues : « Y va a caer, y va a caer, la dictadura militar ! » (Elle va tomber, elle va tomber la dictature militaire!). Les communautés du temps de Néron ou de Domitien qui vivaient les horreurs de la « paix romaine » chantaient le même slogan dans leurs liturgies. Elles priaient et luttaient pour la chute de la bête monstrueuse que constituait Rome dans le monde de l’époque. Ces communautés refusaient d’être complices d’un système universel d’oppression. Il faut dire que leurs membres étaient des disciples d’un tel Jésus de Nazareth qui était mort pendu et exhibé comme un terroriste ou un bandit par les autorités de son peuple, acoquinées au pouvoir romain d’occupation. Pour ces croyants, César n’était pas seigneur du Monde, mais bien Jésus.

     Voilà la fin du monde dont nous parle l’Apocalypse : la victoire de Dieu sur Rome et son empire. La chute imminente de la bête qui sera précipitée comme une pierre immense au fond de la mer. Plouf! Et plus rien. Nous vivons aujourd’hui dans la même situation que vivaient les gens avant le déluge : ils continuaient leur petit train-train de vie sans s’inquiéter et sans interroger les signes des temps, dans la plus grande inconscience. La catastrophe est arrivée et les a tous emportés. Regardons Fukushima : la population s’était habituée à vivre près des installations nucléaires et il a suffi d’un séisme pourtant très prévisible pour mettre ce grand pays à genoux.

     Les 2000 scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), comme Noé dans la bible, sonnent l’alarme de la catastrophe climatique. Dans leur rapport du 13 avril 2014, ils nous disent qu’il ne nous reste que 15 courtes années pour empêcher le climat de grimper de plus de 2 degrés centigrades. Si cela se produit, ce sera le déluge. Aucun chef d’État n’en a dit un mot. On continue avec des projets de sables bitumineux, des pipelines, des activités de prospection de pétrole, de fracturation pour les gaz de schistes, comme si ces savants n’avaient rien dit. L’ignorance crasse et l’irresponsabilité de nos gouvernements qui s’opposent à toute action qui fasse obstacle à la croissance économique, est nettement criminelle.

     En 2008, la crise économique à failli emporter le système financier mondial et les banques fautives et corrompues ont été sauvées par les gouvernements à coup de milliards avec l’argent des contribuables. « Too big to fail, (trop grosses pour crever) », avait déclaré le président Obama. Mais rien n’a changé dans les pratiques financières. Les compagnies et les milliardaires continue de placer leurs avoirs dans les paradis fiscaux pour ne pas payer d’impôt. Et ensuite, les gouvernements nous parlent d’austérité, de nous serrer la ceinture parce que nous vivons au dessus de nos moyens, parce que nos services à la population sont trop « généreux » (comme s’il s’agissait de générosité de l’État et non de justice sociale distributive!) Le président de l’Uruguay déclarait récemment : « On gaspille 2 millions de dollars par minute en dépenses militaires dans le monde. Si quelqu’un vient dire qu’il n’y a plus d’argent, c’est un sans vergogne. »

     Oui, la communauté des disciples de Jésus dans l’Apocalypse célèbre par anticipation la chute prochaine d’un système fou et suicidaire. Les chefs d’États, les multinationales du commerce mondial, les armateurs et leurs flottes gigantesques qui parcourent les mers, tous ces gens vont perdre les pédales quand arrivera la chute; dépressions, suicides, désespoir pour tous ceux et celles qui ont mis leur confiance dans un tel système et dont le dieu est l’or et l’argent.

Regardons leur échelle de valeur :
« or, argent, pierres précieuses et perles ;
fines toiles de lin, précieuses étoffes rouges et écarlates, soie ;
toute sorte de bois rares, toute espèce d'objets en ivoire, bois précieux, bronze, fer ou marbre ;  cannelle et autres épices, parfums, myrrhe et encens ; vin, huile, farine et blé ;
bœufs et moutons, chevaux et chars,
esclaves et même vies humaines. »

     L’or est la valeur suprême, le fétiche de la richesse. Puis viennent tous les articles de luxe dont s’entourent les puissants; les nourritures fines les meilleurs vins, les viandes. Puis les armements (chevaux et chars) sans lesquels on ne peut maintenir un tel système. Et enfin, comme le dernier des biens de consommation : des esclaves et des vies humaines. Et quand les choses vont moins bien pour ceux d’en-haut, alors le FMI et la Banque mondiale exigent de couper dans les « services » aux esclaves et aux vies humaines : l’éducation, la santé, l’aide sociale. Car la vie humaine est la dernière des « valeurs » dans la Babylone mondialisée.

     Cette prophétie annonce la fin prochaine de l’empire de la bête. C’est la fin de ce monde-là que le prophète de l’Apocalypse a voulu nous annoncer comme une Bonne nouvelle pour toutes les victimes de la bête. Le texte se poursuit par une liturgie de la communauté : une foule nombreuse chante : « Alléluia! Le salut, la gloire et la puissance à notre Dieu; véridiques et justes ses jugements, car il a jugé la prostituée, la grande, qui a corrompu la terre par sa prostitution, et il a vengé le sang de ses serviteurs qu’elle a répandu de ses mains. Alléluia! Sa fumée monte pour les éternités des éternités. Amen, Alléluia! Car il règne le Seigneur notre Dieu. » (Ap 19,1 ss.)  Avec Jésus, prions ainsi: « Père, vienne ton règne. » (Luc 11,3)

     Que le Souffle sacré se répande sur toute créature et renouvelle la face de la terre. Bonne Pentecôte.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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