INTERBIBLE
Une source d'eau vive
la lampe de ma vie bible et culture coups de coeurau fémininjustice socialeRencontres de foi
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Justice sociale
  image
Imprimer

chronique du 27 juin 2014

 

Une terre nouvelle, est-ce vraiment possible ?

Terre neuve

Jeanne Vanasse
Terre neuve , 2012
acrylique, 51 x 61 cm
(photo : Gilles Rioux)


Le règne de mille ans sur terre

« J’ai vu des trônes et à ceux et celles qui sont assis dessus on a donné le pouvoir de faire justice. J’ai vu aussi, en vie, ceux et celles qui furent décapités à cause du témoignage de Jésus et de la Parole de Dieu, et tous ceux et celles qui n’ont pas adoré la bête ni son image et n’ont pas accepté la marque sur leur front ou sur leur main; ils sont revenus à la vie et ont régné mille ans avec le Christ.

Apocalypse 20, 4

Jean présente un règne du Christ sur terre qui durera mille ans avec les martyrs ressuscités. Bien des fondamentalistes conservateurs prennent ces mille ans à la lettre : la seconde venue du Christ qui vient imposer sa loi divine durant dix siècles. Ils oublient sans doute ce que le psaume 90 rappelle opportunément : « Pour toi, mille ans sont aussi brefs que la journée d'hier, déjà passée (v. 4) » Par contre, les commentateurs des Églises chrétiennes historiques ont tendance à spiritualiser ces mille ans comme étant le temps de l’Église qui attend la résurrection de Jésus et le jugement final. Les chrétiens des trois premiers siècles croyaient pour leur part qu’après les empires oppresseurs viendrait un règne de Dieu sur la terre où les martyrs exerceraient la justice. « Croyez-en ma parole, quand tout sera régénéré, l’Humain prendra place sur son siège de lumière. Et vous qui m’avez suivi, vous prendrez place à ses côtés, sur douze sièges pour gouverner les douze tribus d’Israël. »

     Un martyr, c’est un témoin prêt à aller jusqu’à donner sa vie; ce n’est pas nécessairement un décapité. Il y a des martyrs vivants, les prophètes, ceux et celles qui n’ont pas adoré la bête et il y a les décapités par la bête. Toutes ces personnes ressuscitent comme Jésus, « le premier né d’entre les morts et le prince des rois de la terre. » Ces gens sont les vainqueurs de la bête (15,2-4); ils sont morts pour leur foi et ressuscitent maintenant pour faire justice. »

     L’apocalypse juive aussi bien que la chrétienne insiste sur la régénération, sur le royaume du Messie, sur la restauration universelle sur la terre même. Pablo Richard formule ainsi cette prophétie : « C’est l’espérance d’une communauté qui croit en un Dieu faisant justice maintenant dans l’histoire, un Dieu qui détruit les empires et donne le pouvoir au peuple des saints et des martyrs. C’est, de façon générale, l’utopie des pauvres et des opprimés affirmant qu’il est possible, en fin de compte, de mettre ordre dans ce monde, de restaurer l’ordre du Dieu créateur et du Messie Jésus. » [1]

Le livre de vie, mémoire de Dieu

« Je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. Des volumes furent ouverts, et un autre volume ouvert, celui de la vie, les morts furent jugés, d’après ce qui est écrit dans les volumes, selon leurs œuvres. » (Ap 20,12)

     La mémoire collective est une condition de la liberté. Un peuple qui ne se souvient pas de son histoire, qui ne s’en alimente pas, un peuple lobotomisé est condamné à répéter sans cesse les mêmes oppressions. Un peuple qui ne veut pas faire mémoire passe par-dessus la justice. Nous l’avons vu après les grandes horreurs de l’humanité : on se dépêche souvent de fermer les yeux sur le passé et de ne pas faire justice aux victimes. La Bible est un livre qui permet au peuple des croyants et croyantes de se souvenir des hauts faits du Dieu de la vie dans le passé dans le but d’alimenter son espérance dans le présent. Tout est consigné dans les volumes de Dieu, autrement dit, nous serons jugés selon nos œuvres. Ceci est un motif d’espoir pour les justes et une menace pour les impies. Un proverbe créole  exprime bien la foi du peuple d’Haïti, victime séculaire d’oppressions et de spoliations : jistis bondyé sé kabwèt bèf. La justice de Dieu est une charrette à bœufs : elle avance très patiemment, mais sûrement. Et dans le livre de la vie se trouvent inscrits celles et ceux qui ont fait option pour la vie et la justice. Ce livre appartient à l’Agneau, à Jésus qui le garde précieusement. Enthousiasmés par leur mission où les apôtres avaient chassé de nombreux souffles mauvais, ces derniers se font dire par Jésus : « Je vous ai donné de piétiner toute la puissance de l’ennemi… Ne vous réjouissez pas de ce que les souffles vous obéissent, réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. » (Lc 10,20)

L’utopie créatrice : un ciel nouveau et une terre nouvelle

«Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle; car le premier ciel et la première terre s’en sont allés, et la mer n’est plus. La ville, la sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, apprêtée comme une fiancée, parée pour son époux. J’entendis une vois forte venant du trône : « Voici la tente de Dieu parmi les hommes, et il dressera sa tente avec eux, et ils seront ses peuples, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort désormais ne sera plus ; deuil, cri, douleur désormais ne seront plus, car les premières choses s’en sont allées. » … « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. Moi, celui qui a soif, je lui donnerai à boire la source des eaux de la vie, gratuitement. Le vainqueur héritera de cela, pour lui je serai Dieu et il sera pour moi un fils.

Ap 21,1-22,6

     Le livre de la Genèse commence par le chaos primitif : ténèbres, tohu-bohu, abimes de la mer (Gn 1,1). Ce chaos, c’est l’Adam, l’homme de terre, qui s’approprie le jardin de la vie; c’est Caïn, le constructeur de ville qui tue Abel, son frère berger; c’est Babel, la cité idolâtrique qui veut s’élever jusqu’au ciel. L’Apocalypse nous présente une terre renouvelée, une cité sainte; l’utopie devient réalité, du ciel descend sur terre une société ayant une nouvelle organisation sociale. Le ciel est descendu sur la terre; maintenant la mort est morte à tout jamais. Celles et ceux qui pleuraient, qui criaient sous les coups, qui souffraient l’oppression, sont libérés. Plus de malédiction ni de nuit. Dieu est le soleil de la nouvelle vie sur terre. Et cette nouvelle cité n’a pas besoin de temple ni de religion, car Dieu a dressé sa tente parmi son peuple. C’est la vie en plénitude, un fleuve de vie qui irrigue une terre bénie dont les fruits abondants alimentent les peuples et dont les feuilles les guérissent. Durant cette période de l’été, permettons-nous de rêver de ce monde que l’Apocalypse nous présente et surtout, surtout croyons-y fermement.

[1] L’Apocalypse, reconstruction de l’espérance, Pablo Richard, Montréal, Lumen Vitae et Paulines, 2001, p. 213.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Réjouissez-vous de sa destruction, peuple de Dieu, apôtres et prophètes !

 

 

| Accueil | SOURCE (index) | Justice sociale (index) | Vous avez des questions? |

www.interbible.org