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Justice sociale
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chronique du 21 octobre 2016

 

Sacré pouvoir !

Pape François

« Le pape bouscule les cardinaux… et la mafia. »
Publié le jeudi 13 octobre 2016 à Radio-Canada à l’émission Enquête.


« On pourrait croire que depuis l'élection du pape François à la tête de l'Église catholique, un vent de renouveau souffle sur cette institution deux fois millénaire. Mais en réalité, à l'intérieur du gouvernement de l'Église, on le craint. On s'en méfie. On lui résiste. « Les loups dans le Vatican résistent aux réformes du pape François et deviennent de plus en plus agressifs », explique Marco Politi, l'un des plus fins vaticanistes qu'on puisse trouver à Rome. M. Politi a accompagné Jean-Paul II, Benoît XVI et François aux quatre coins de la planète. Ce qu'il constate, c'est que des cardinaux de premier plan s'opposent publiquement au pape François. Du jamais vu. » (Alain Crevier).

Voir le reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada : Le pape qui dérange.

Alors Jésus s'adressa à toute la foule, ainsi qu'à ses disciples :

« Les maîtres de la loi et les Pharisiens sont chargés d'expliquer la loi de Moïse.  Vous devez donc leur obéir et accomplir tout ce qu'ils vous disent ; mais n'imitez pas leur façon d'agir, car ils ne mettent pas en pratique ce qu'ils enseignent. Ils attachent de lourds fardeaux, difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais eux-mêmes refusent de bouger un doigt pour les aider à remuer ces fardeaux. Ils accomplissent toutes leurs œuvres de façon que les hommes les remarquent. Ainsi, pour les textes sacrés qu'ils portent au front ou au bras, ils ont des étuis particulièrement grands ; les franges de leurs manteaux sont exceptionnellement larges. Ils aiment les places d'honneur dans les grands repas et les sièges les plus en vue dans les synagogues ; ils aiment à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques et à être appelés « Maître » par les gens. Mais vous, ne vous faites pas appeler « Maître », car vous êtes tous frères et vous n'avez qu'un seul Maître. N'appelez personne sur la terre votre « Père », car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est au ciel. Ne vous faites pas non plus appeler «Chef», car vous n'avez qu'un seul Chef, le Messie. Le plus grand parmi vous doit être votre serviteur. Celui qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé. 

Matthieu 23, 1-12

          Il n’y a pas si longtemps les gens allaient se confesser d’avoir mangé du curé. Mal parler d’un clerc était considéré comme un péché. Critiquer la religion n’était pas admis et la hiérarchie cléricale se drapait dans un manteau de respectabilité et portait le masque de la sainteté. Aujourd’hui, à cause des nombreux scandales qui ont entaché le clergé catholique un peu partout dans le monde, ce pouvoir sacré est tombé de son piédestal. L’émission Enquête de Radio-Canada « Un pape qui dérange » montre comment François a été choisi pour mettre de l’ordre à la banque du Vatican, devenue un lieu de magouilles et de blanchiment d’argent. Mais le pape s’est aussi attaqué à ce qu’il appelle les maladies de la Curie romaine, l’organisme composé de cardinaux qui gouvernent l’Église catholique. Cette dernière bataille fait en sorte qu’il se trouve passablement isolé dans le monde de ses proches collaborateurs.

     Dans son discours de Noël  2014 à la Curie, le pape à identifié 15 maladies  graves qui infectent l’administration de l’Église catholique et la première est la suivante : « La maladie de celui qui se sent « immortel », « immunisé » ou tout à fait « indispensable » et néglige les contrôles nécessaires et habituels. C’est la maladie de tous ceux qui se transforment en maîtres et se sentent supérieurs à tous, et non au service de tous. Elle découle souvent de la pathologie du pouvoir, du « complexe des élus », du narcissisme qui consiste à regarder passionnément sa propre image et à ne pas voir l'image de Dieu imprimée sur le visage des autres, spécialement des plus faibles et des plus nécessiteux. C’est ce que dénonce l’évangile d’aujourd’hui », conclut François qui venait de proclamer ce texte de l’évangile de Matthieu.

     Des réformes profondes s’imposent. L’Église catholique a été séquestrée et détournée par la curie romaine depuis déjà trop longtemps. « La curie moderne est une machinerie gigantesque, improductive et inutile. Il y a 35 cardinaux à Rome. Ils sont divisés en groupes antagoniques, et ils se consacrent à conspirer et à se chercher des complices dans les corridors », confie Filippo di Giacommo, prêtre, journaliste et juge ecclésiastique à Rome.

     On ne peut continuer à mettre de lourds fardeaux sur les épaules des gens, exiger une morale rigoriste et intransigeante, comme par exemple imposer l’abstinence sexuelle aux divorcés ou aux homosexuels; refuser l’accès à la communion à ces personnes; imposer le célibat à tous les prêtres; exclure les gens mariés et les femmes de l’exercice du presbytérat, etc.

     Cette hiérarchie que s’est donnée l’Église catholique à travers les siècles, souvent en copiant les cours impériales, aurait avantage à révolutionner ses pratiques : celle de se poser en maitre de la vérité, de se considérer comme des seigneurs (monseigneur), de prendre la place de Dieu en se faisant appeler « Père ou Saint-Père ». Qui peut aujourd’hui entendre quelqu’un se faire dire Éminence sans pouffer de rire?

     Le pape François surprend agréablement les fidèles par sa bonhommie, sa proximité, sa compassion, sa spontanéité et son courage. Il n’aime pas les déguisements, tout ce falbala de robes, de dentelles et de pourpre qui éblouit la galerie dans les splendeurs de Saint-Pierre-de-Rome. Il vit dans un appartement de 50 pieds carrés alors que les cardinaux habitent dans de luxueux palais romains.

     Jésus a critiqué vertement les scribes interprètes officiels de la Torah, les richissimes Grands Prêtres propriétaires terriens qui s’interposaient entre Dieu et le peuple, et les Pharisiens, ces hommes pieux et pleins d’eux-mêmes. Tout le chapitre 23 de Matthieu est un réquisitoire impitoyable : « Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens hypocrites! Vous fermez la porte du Royaume des cieux devant les hommes; vous n’y entrez pas vous-mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le désirent. » (Mt 23,13)

     On ne peut prédire si François réussira à réformer le gouvernement de l’Église. Mais pour Jésus, il ne s’agissait pas seulement de rendre ce Temple, transformé en une caverne de voleurs, plus acceptable, mais bien d’en sortir carrément; ce qu’il fit. Devant la colline où était situé le Sanctuaire, Jésus a maudit un figuier immédiatement desséché, symbole de la stérilité d’une telle religion. « Je vous le dis, c’est la vérité, si vous avez la foi et si vous ne doutez pas, non seulement vous pourrez faire tout ce que j’ai fait à ce figuier, mais vous pourrez même dire à cette colline: ‘Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer’ et cela arrivera. (Mt 21,21-22). Il signifiait ainsi la fin du Temple qu’il condamnait à disparaitre.  

     Le temps viendra, je le souhaite, où toutes ces richesses accumulées au Vatican, incompatibles avec la praxis du prophète Jésus, seront remises à un organisme international pour la conservation du patrimoine et où le pape cessera d’être le monarque absolu d’un État symbolique de 0,44 km2  avec des ambassadeurs  dans tous les pays du monde. Le Concile du Vatican nous avait mis sur la piste d’une Église pauvre pour les pauvres, mais le sacré pouvoir, drapé dans ses robes de pourpre, a empêché jusqu’ici la barque de Pierre d’avancer. Soyons solidaires de ce pape que le Souffle de Jésus nous a envoyé. Le temps viendra, j’en rêve, où l’Évangile de Jésus sera la seule règle pour la communauté des disciples partout dans le monde et où il n’y aura qu’un seul Père dans le ciel, un seul Chef ou Seigneur, Jésus, et une seule règle de vie : celle de l’amour inconditionnel pour l’humanité entière.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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