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La lampe de ma vie
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chronique du 4 février 2000
 

Le pardon à l'infini?
  

QuestionQue pensez-vous de cette notion de pardon... Le pardon implique-t-il de retomber dans le même piège... Ou s'agit-il d'une attitude intérieure? Selon le Christ, il faudrait tendre l'autre joue... Pour être franche je ne peux pas, d'autant plus que je ne suis plus la seule impliquée... Est-ce que Dieu pardonne seulement si je pardonne à mon prochain? Et dois-je le faire à l'infini? (C. Lang)

RéponseEn ce qui a trait à votre question, une réponse convenable doit comprendre trois étapes. Il faut tout d'abord prendre connaissance de l'enseignement de Jésus pour, ensuite, comprendre le motif de cette exigence, et enfin discerner comment un tel précepte s'applique pour chacun dans notre monde où diverses valeurs semblent se contredire.

     1. L'enseignement de Jésus est clair et précis. C'est l'évangéliste Matthieu qui rapporte le plus explicitement la directive de Jésus. Après avoir rapporté l'unique prière que Jésus enseigne à ses disciples, Matthieu reprend, avec les paroles de Jésus, une seule des demandes du « Notre Père »: « En effet, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes. » La répétition sous forme positive et sous forme négative de la même affirmation marque une forte insistance.

     Matthieu seul rapporte la parabole des deux débiteurs dans son chapitre qui concerne la vie dans la communauté chrétienne (Mt 2,2). La parabole parle d'elle-même, mais on oublie souvent un trait important. Le débiteur impitoyable obtient d'abord son pardon de la part de son maître, mais il le perd lorsqu'il refuse d'étendre ce pardon à son compagnon. Le pardon vient gratuitement de Dieu, mais pour que ce pardon produise des fruits en nous, il faut absolument le transmettre aux autres. C'est la loi de l'amour que le Créateur a inscrite dans notre coeur: « On ne possède bien que ce que l'on donne. »

     2. Pourquoi Jésus exige-t-il avec tellement d'insistance ce pardon à tous? La réponse ressort d'un autre passage du Sermon inaugural de Jésus, sur l'amour des ennemis. Luc, cette fois, est celui qui met cet idéal le plus en relief: « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent... » (Lc 6,27ss) L'ennemi n'a rien pour attirer la sympathie, encore moins l'amour. Comment l'aimer? Non pas parce qu'il suscite en nous ce sentiment de l'amour, mais parce que l'amour vrai provient spontanément du coeur de celui qui aime. Aimer parce que l'autre est aimable, les païens en font autant, car ils considèrent l'autre comme un objet agréable à posséder. C'est d'ailleurs un tel amour qui est complètement défiguré par quiconque considère la sexualité comme procurant exclusivement un plaisir. Aimer, c'est vouloir rendre gratuitement l'autre heureux et, en même temps, se rendre plus heureux soi-même.

     Un motif complémentaire de cette loi, c'est que l'amour consiste dans l'ouverture de soi à l'autre, pour que, d'une certaine façon, la personne qui aime vive dans l'autre. Celui qui refuse de pardonner n'aime pas, il se ferme à l'autre et se replie sur lui-même. En se repliant sur lui, il s'isole et se ferme à Dieu et à son pardon. Il devient le grain de blé qui refuse le sacrifice et qui meurt progressivement.

     3. Reste ce que j'appellerais la « pédagogie » du pardon. Ce qui précède se situe en quelque sorte au niveau des principes. Comment pratiquer le pardon? La réalité est toujours plus complexe qu'une loi. Il faut discerner comment s'applique cette exigence dans un cas concret. Ce qui doit nous guider, si on est inspiré par l'amour, c'est le bien de l'autre. Par exemple, si j'empêche quelqu'un de me voler, je ne m'opposerai pas à lui d'abord pour protéger ce qui m'appartient, mais pour protéger le voleur lui-même, qui, en me volant, aggravera sa tendance à voler. Si je résiste à un agresseur, ce n'est d'abord pour me défendre, mais pour contrer la violence en lui qui le détruit. Si on pardonne trop facilement, la personne pardonnée pensera que son offense n'est pas si grave et elle sera tentée de recommencer. On pourrait multiplier les exemples.

     Pardonner ne veut pas dire qu'on oublie. Une injustice demeure gravée en soi, même si la blessure est cicatrisée. Mais l'amour doit être assez fort pour qu'on puisse assumer et dépasser cette blessure.

     Un tel amour qui pardonne les pires injustices est-il possible? Humainement, non! L'amour authentique, qui par définition s'oublie, ne peut provenir que de Dieu, qui la source unique de l'amour et de la vie. C'est Dieu qui nous a aimés le premier (1 Jn 4,10) et qui nous fait participer à son amour. Notre devoir pour correspondre à notre vocation chrétienne, consiste à permettre à cet amour de s'épanouir en nous en le transmettant à ceux que Dieu met sur notre route.

     Voilà donc quelques jalons, qui forment un cadre quelque peu schématique. C'est un peu rapide, mais l'essentiel s'y trouve.

Jean-Louis d'Aragon

Chronique précédente :
Vision biblique de la sagesse

 

 

 

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