Job et ses amis. Ilya Repin, 1869. Huile sur toile, 137 x 200 cm. Musée russe, Saint-Pétersbourg (Wikimédia).

5. La question de Job

AuteurBertrand Ouellet | 20 octobre 2000

L’éternelle question | La rétribution | Les enfants | Responsabilité individuelle | L’Évangile

Dans la Bible, les « justes », ce sont les personnes qui agissent et vivent en communion avec Dieu. Elles sont « ajustées » à la volonté du Seigneur. Un peu comme on dit « avoir l’heure juste », « chanter juste », ces personnes sont « justes » sous le regard aimant de Dieu : elles sont là où il faut, comme il faut, fidèles à ce que le Seigneur attend d’elles.

Job est l’un de ces justes, « un homme intègre et droit qui craignait Dieu et se gardait du mal » (Jb 1,1). Pourtant, il est frappé de tous les maux possibles. Il encaisse coup sur coup pour enfin demander des comptes à Dieu : il a tout fait ce que Dieu pouvait attendre de lui, pourquoi alors est-il ainsi frappé? Pourquoi subit-il le malheur que Dieu réserve à l’injuste, l’adversité promise aux hommes malfaisants? (Jb 31, 3)

Le livre de Job est une sorte de roman qui pose la grande question de l’origine de la souffrance. Le tout est présenté sous la forme d’une gageure entre Dieu et le Satan : Job restera-t-il juste si Dieu le met à l’épreuve en lui retirant, sans raison, tout ce qu’il a? (Jb 1,6-12) L’un après l’autre, les amis de Job viennent lui dire que ses malheurs doivent être dus à ses fautes, mais Job proteste : jamais il n’a enfreint les lois de Dieu! Au contraire, il a tout fait pour être le meilleur possible! Pourquoi Dieu est-il si injuste à son endroit?

L’auteur du livre de Job n’a qu’une seule réponse, et ce n’en est pas vraiment une : nul homme, dit-il, ne peut comprendre la volonté de Dieu! En guise de réponse à Job, Dieu lui décrit toutes les merveilles de la création et l’amène à reconnaître qu’aucun homme ne peut mettre en doute les actions de Dieu. « J’ai parlé à la légère », répond Job, « je mettrai plutôt ma main sur ma bouche » (40,3). « Je sais que tu es tout-puissant : ce que tu conçois, tu peux le réaliser... Tu as raconté des œuvres grandioses que je ne comprends pas... Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre. » (42,2-6)

L’Ancien Testament ne réussit pas à aller plus loin : si la souffrance ne s’explique pas par les fautes antérieures ni par celles des ancêtres, si on ne peut pas l’expliquer en termes de rétribution, il n’y a pas d’autre solution qu’une résignation soumise à la volonté incompréhensible de Dieu. Une autre voie s’ouvre cependant, quelques dizaines d’années seulement avant la venue de Jésus, dans le livre de la Sagesse. En réponse au drame de la mort prématurée de personnes justes, s’exprime l’espérance en une rétribution dans l’au-delà, après la mort : les justes vivent à jamais, leur récompense est auprès du Seigneur (Sg 5,15 ; 3,1-12).

On est là au seuil de l’Évangile. Ce n’est que dans les paroles, la vie, la mort et la résurrection de Jésus que tout s’éclairera.

Bertrand Ouellet, bibliste, était directeur général de Communications et société au moment de la rédaction de cet article.

Source : Feuillet biblique 1487 (1993).

Caravane

La lampe de ma vie

Les événements de la vie nous confrontent et suscitent des questions. Si la Bible n’a pas la réponse à toutes nos questions, telle une lampe, elle éclaire nos existences et nous offre un certain nombre de repères.