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La lampe de ma vie
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chronique du 25 octobre 2002

 

Portrait de famille

QuestionIl y a une petite question qui me dérange un peu et dont je ne connais pas la réponse. Elle concerne les frères de Jésus. Saint Paul dit aux Galates: « Je n'ai vu aucun des autres Apôtres, sauf Jacques, le frère du Seigneur ». Quel est ce frère? Quand on parle de  « cousine », comme on le fait  pour Élisabeth, on ne dit pas « soeur »... Qu'en est-il au juste? Qui est ce Jacques? (Pascal)

RéponseLa tradition catholique romaine nous a habitués à nous faire le portrait de famille suivant de Jésus de Nazareth : Jésus, sa mère Marie et son père adoptif Joseph. La Sainte famille comporterait donc trois membres. Quelle surprise alors pour nous de constater, en lisant la Bible, que plusieurs textes font référence à des frères et à des soeurs de Jésus...

     Le livre des Actes des apôtres rapporte qu'au groupe formé par les apôtres se joignaient pour la prière quelques femmes, dont Marie, la mère de Jésus, et les frères de Jésus (Ac 1,14). L'évangile de Jean mentionne que même les frères de Jésus ne croyaient pas en lui (Jn 7,1-10). Saint Paul affirme dans sa lettre aux Galates n'avoir pas rencontré d'autre apôtre à Jérusalem (lors d'un premier voyage après sa rencontre avec le Ressuscité) que Pierre et Jacques, « le frère du Seigneur » (Gal 1,19). L'évangile de Marc fait mention à deux reprises des frères de Jésus. Dans un premier passage (Mc 3,31-35), repris par Matthieu (Mt 12,46-50) et par Luc (Lc 8,19-21), Jésus déclare que ses véritables frères et sa véritable mère sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique, au grand dam de sa propre famille, qui attend dehors pour le voir! Le deuxième passage (Mc 6,1-6), repris de façon similaire seulement par Matthieu (Mt 13,53-58), met en scène Jésus rentrant à Nazareth et subissant le rejet sceptique de ses concitoyens: « Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon? Et ses soeurs ne sont-elles pas ici chez-nous? » (Mc 6,3). Non seulement y trouvons-nous les frères nommés, mais encore un « Jacques » compte parmi eux dans la liste, coïncidant avec la donne de la lettre aux Galates (Gal 1,19), et des soeurs s'y ajoutent, de surcroît! En dehors du Nouveau Testament, mais contemporain de celui-ci, l'historien Flavius Josèphe mentionne aussi, dans son livre sur les Antiquités juives, un certain Jacques, frère de Jésus.

     Que faire de ces informations? Du côté des Églises réformées, l'opinion est devenue courante que Jésus de Nazareth avait des frères de sang. Du côté catholique romain, on a fait souvent valoir que la fratrie s'entendait en un sens plus large, dans la culture biblique, que dans nos sociétés contemporaines, allant jusqu'à y inclure les cousins et cousines. À ce titre, on faisait remarquer que le mot 'ah en hébreu biblique jouissait de cette polysémie. Jésus aurait eu des cousins et des cousines, mais pas de frère ni de soeur. Cependant, le Nouveau Testament est écrit en grec, où le mot anepsios désigne proprement un cousin (voir Col 4,10) et le mot adelphos s'entend d'un frère au sens propre ou figuré. Le sens figuré de « frère dans la foi » étant hors propos dans les textes précités, la philologie et l'usage des mots dans le Nouveau Testament conduisent à lire tout naturellement ces textes dans le sens commun de frères et soeurs de sang. C'est l'opinion la plus répandue maintenant parmi les spécialistes.

     En fait, l'embarras de considérer une Sainte famille élargie vient de ce que l'Église catholique romaine tient chèrement à la virginité perpétuelle de Marie, mère du Christ. Personne n'a jamais senti le besoin de proposer que les soeurs de Lazare (Jn 11,1-2) étaient en fait ses cousines... L'embarras théologique doit se régler dans l'arène théologique elle-même, au lieu de conduire à des hypothèses historiques douteuses. Nous n'aurons jamais le portrait de famille exact de Jésus de Nazareth. Les textes du Nouveau Testament ne s'y intéressent guère, précisément parce que la bonne nouvelle n'est pas affaire de liens de sang! Si l'on s'y intéresse, par simple curiosité historique, le plus probable est que Jésus de Nazareth, dans ses tendres années, ne jouait pas tout seul à la maison...

Rodolfo Felices Luna

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Les miracles de Jésus, racontés aux enfants

 

 

 

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