Plusieurs mouvements religieux ou spirituels décrivent l'au-delà de diverses façons. Un grand nombre de baptisés (on avance le chiffre de 30% des Québécois) affirment même croire en la réincarnation. Il devient donc urgent, pour les chrétiens, de bien comprendre leur foi en la résurrection. Pour essayer d'y voir plus clair, nous approfondirons la vision biblique du salut et du corps.

     Dieu désire que toute personne soit sauvée. Voilà le grand projet qui habite le coeur du Père. Mais, comment parvenir au salut? Dans son dialogue avec Nicodème, Jésus affirme que le salut est l'oeuvre de l'Esprit : « nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Jn 3,5) En régime chrétien, le salut constitue un don gratuit de Dieu qui est le seul maître de la vie. Ainsi personne ne peut se procurer le salut, car celui-ci n'est pas le terme d'un processus de libération, ni le résultat d'une quelconque ascèse ou purification. Bien que le salut soit l'initiative de Dieu, la personne demeure responsable de sa vie et doit collaborer en l'accueillant. Respectueux, de la personne humaine, Dieu ne s'impose pas à elle. L'être humain ne peut donc pas rester passif, comme si le Père sauvait les gens malgré eux. Le croyant est invité à accueillir le salut que Dieu lui offre en vivant en alliance avec le Père, en croyant en lui : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils pour que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. » (Jn 3,16)

     Pour les chrétiens, le corps mérite un grand respect. Comme l'écrit Paul : « Notre corps est le temple de l'Esprit Saint. » (1 Co 6,19) En christianisme, le corps n'est pas un vêtement dont on se défait pour en prendre un autre. En effet, la lettre aux Hébreux nous rappelle « qu'il est réservé aux personnes de mourir une seule fois. » (Hb 9,27) Le corps ne constitue donc pas une facette négative de notre personnalité, ni un élément provisoire. Au contraire, le salut atteint toute la personne jusque dans son corps. Ainsi, après notre mort, nous ressusciterons avec le corps que nous sommes. Il s'agira d'une existence nouvelle, mais non sans lien avec notre corps. Dans une pensée autre, la réincarnation entrevoit une vision bien différente du corps. Ce dernier apparaît alors comme un ennemi de l'âme qui doit se libérer de sa carapace corporelle pour atteindre la vie divine.

     En définitive, l'optique de la réincarnation n'est pas conciliable avec celle de la résurrection, ni avec la conception biblique du salut et du corps. Il faut choisir, car toute une compréhension de Dieu et de l'être humain est en cause.

Daniel Montpetit, bibliste
professeur au Collège Jean-Eudes (Montréal)

Chronique précédente :
La résurrection chez Paul

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