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La lampe de ma vie
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chronique du 12 mars 2004
 

Purgatoire, indulgences et Écritures saintes

 

QuestionY a-t-il dans le Nouveau Testament un passage qui parle du purgatoire et des indulgences qui pourraient soulager ceux qui, éventuellement, s'y trouveraient? C'est une question qui me tracasse depuis longtemps. Je suis croyante et divers témoignages de prêtres ne concordent pas. Certains nous disent qu'en mourant nous allons directement au ciel et d'autres semblent moins fervents en ce qui concerne la miséricorde de Dieu. J'aimerais que vous m'éclairiez sur ce sujet. Il y a aussi tous ces exégètes qui nous disent que les paroles de Jésus ont été écrites bien après sa mort et qu'elles ne sont qu'interprétation des disciples de Jean, Luc et les autres évangélistes. Je ne sais plus qui ou quoi croire. Pouvez-vous m'éclairer? Julie S.

RéponseOn ne parle pas dans le Nouveau Testament de purgatoire, ni d'indulgence. L'expérience de foi de Paul est centrée sur la résurrection de Jésus. Pour lui, « si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton coeur croit que Jésus l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Rm 10,9). Le ton est on ne peut plus affirmatif et ne souffre aucun délai.

     Mais à partir du moment où l'on croit que la vie ne se termine pas avec la mort, mais qu'elle se poursuit dans l'au-delà, on s'inquiète pour la personne décédée et on sent le besoin de prier et d'intercéder pour elle auprès de Dieu. C'est ainsi qu'on a commencé très tôt en christianisme à prier pour les personnes décédées. Le jour de la mort de quelqu'un était par exemple, à l'époque de Tertullien, le jour où l'on se souvenait de lui et où l'on priait pour lui. On offrait d'ailleurs un banquet en l'honneur de la personne décédée après la messe en son honneur. La date de la mort de la personne décédée remplaçait sa date d'anniversaire. Augustin affirmait aussi que l'âme de quelqu'un pouvait être purifiée grâce à la prière de l'Église pour les morts donc que cette prière avait une réelle efficacité.

     La notion de purgatoire apparaît donc dans l'effort de penser cet espace-temps qui s'intercale entre la mort de quelqu'un et le jugement définitif. On supposait que certaines âmes mortes en état de grâce mais n'ayant pas encore atteint la perfection avaient besoin d'être purifiées. La prière pour les morts répondait à cette exigence de purification et le lieu où elle s'exerçait était le purgatoire. Mais le terme technique de « purgatoire » n'apparaîtra qu'au début du XIIe siècle et dans le Magistère de l'Église, un siècle plus tard (Innocent IV en 1254). Le concept de purgatoire sera à nouveau repris au Concile de Trente en 1547 et se développera de façon telle qu'on verra naître des associations pour aider les âmes du purgatoire, « particulièrement les plus délaissées ». C'est dans cet élan d'intercession que va se développer le concept d'indulgences pour soi-même et pour les autres. Mais il y aura beaucoup d'abus (d'ordre financier) et cette forme de prière sera progressivement délaissée. On peut dire que globalement la prière pour les âmes du purgatoire connaîtra un engouement populaire jusqu'en 1940.

     Ces prières n'ont plus aujourd'hui l'importance qu'on leur accordait. L'accent s'est déplacé même si certains théologiens contemporains comme J. Le Goff tentent de réinterpréter la notion de purgatoire en lui donnant un sens plus positif, le concevant comme de temps de fiançailles où l'Amour de Dieu purifie l'âme qui se laisse purifier.

     Ce déplacement d'accent n'empêche pas de croire en l'efficacité de la prière personnelle à l'égard des défunts et en l'efficacité de la prière collective de l'Église lors de chacune de nos Eucharisties. Comme le disait Tertullien la prière est l'offrande qui fait de nous de « parfaits adorateurs et de vrais prêtres » (De or., 2 8) et comme nous le rappelle l'Évangile : « tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez déjà reçu et cela vous sera accordé » (Mc 11,24). Nous croyons du reste toujours en la « communion des saints » et en leur intercession.

     Concernant les Paroles de Jésus. Il est vrai que nous savons que les Évangiles ont été écrits à partir de différentes traditions, les unes orales, les autres écrites et que, du niveau strictement historique, nous savons très peu de choses des Paroles que Jésus auraient vraiment dites. Nous avons quelques certitudes cependant : le Notre Père en est une par exemple, la notion de « Fils de l'homme » qui n'apparaît dans tous les Évangiles que dans la bouche de Jésus en est une autre etc.

     Pourquoi en est-il ainsi? Parce que Jésus était convaincu que le Règne de Dieu était déjà arrivé et que ses disciples y croyaient. C'est comme s'ils étaient déjà arrivés à la fin des temps et quand on pense que la fin du monde est arrivée, on n'écrit pas de livres. On est mu par un sentiment d'urgence. On parle, on agit et c'est ce que Jésus a fait. C'est aussi ce qu'ont fait après Lui les disciples. Puis la mort de Jésus, qui est arrivée si subitement, les a tous désarmés. La résurrection de Jésus auquel ils ne s'attendaient pas les a remis en route, mais ils vivaient toujours dans la même ligne de pensée : la fin du monde allait effectivement arriver et Jésus allait revenir très bientôt! C'est ainsi qu'ont vécu les apôtres et les premiers chrétiens.

     Mais le temps passait et les témoins oculaires mourraient les uns après les autres, aussi a-t-on résolu de mettre par écrit tout ce qu'on avait raconté sur Jésus. Mais il ne s'agit pas seulement de simples souvenirs. Il s'agit d'écrits inspirés. Jésus, vivant, continuait de parler aux coeurs des communautés. Les paroles qu'Il avait dites éclairaient leur vie. Comme les conditions de vie des communautés étaient très différentes les unes des autres, la manière de raconter les faits et gestes de Jésus varient selon les contextes. En prenant connaissance des contextes où ces paroles se sont dites, on comprend mieux le sens qu'elles pouvaient avoir pour eux.

     Ce qui est vrai pour eux l'est aussi pour nous. La Parole de Dieu vient précisément nous rejoindre dans notre histoire et pas en dehors d'elle. C'est précisément là où Elle prend tout son sens, où elle devient incarnée. L'étude de la Bible ne nous éloigne donc pas de la foi, mais nous y ancre plus profondément, car en approfondissant la Parole de Dieu nous allons de découvertes en découvertes. Les Paroles prennent un goût, un sens et une résonance incomparables. C'est là qu'elles deviennent nourriture pour soi et pour les autres!

Yolande Girard
bibliste

 

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Le Dieu de la Bible se contredit-il?

 

 

 

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