La résurrection des corps, est-ce essentiel à la foi chrétienne

chronique du 17 novembre 2006

La résurrection des corps, est-ce essentiel à la foi chrétienne?

On peut communiquer pensée ou émotion sans passer par l'écriture, la parole ou le toucher. Je ne suis pas mon corps puisque, si je me fais amputer d'une jambe, elle continuera à se faire sentir. Je ne suis pas mon corps puisque, si mon esprit le veut, je le rendrai plus musclé, plus bronzé... Mon corps est mon enveloppe, mon véhicule terrestre, avec lequel j'ai intérêt à bien m'entendre car apparemment, tout passe par lui. Mais c'est mon esprit qui le régit. Si je crois être mon corps, peut-être serai-je tentée « terrestrement » de le rendre plus éclatant. Facticité. C'est la lumière intérieure qui rend les corps glorieux. On me dit personnellement lumineuse, on admire mon corps. En fait, on admire mon accord avec mon corps. L'harmonie et le naturel avec lesquels je l'habite. Je suis, heureusement, au-delà de mon corps, une âme, un esprit, un cœur, qui comprend, entend, aime les autres. Je crois que ce qui me lie à Dieu, c'est la foi, l'essentiel. Dites-moi, la question de la résurrection des corps est-elle essentielle? (Sabine)

La foi à la résurrection des morts fait partie de la confession de foi chrétienne. Dans la confession de foi qu’on appelle le Symbole des apôtres, on dit : je crois à la résurrection de la chair, tandis que dans celle qui nous vient des Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) on affirme : J’attends la résurrection des morts.

Ce qui importe par dessus tout, c’est la foi à la vie éternelle et ainsi on affirme que la vie ne s’arrête pas à la fin de notre vie physique et terrestre. Le quand et le comment du passage à cette vie éternelle par la résurrection ne nous sont pas clairement présentés. Il est certain que la vie éternelle est radicalement différente de notre vie terrestre. Nous savons que notre corps s’en retournera à la terre d’où il a été tiré à l’origine. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière », disait le texte de la Genèse (3,19). C’est la personne qui ressuscitera et non pas notre aspect charnel, si l’on se rapporte à certaines paroles de Jésus dans les Évangiles et à celles de Paul dans ses lettres.

Il y a dans le Nouveau Testament quelques textes qui jettent quelque lumière sur la question de la résurrection et de la vie éternelle. Par exemple dans l’Évangile de Marc (12,18-27). Jésus s’oppose aux Sadducéens qui ne croient pas à la résurrection et qui essaient de tirer des arguments contre la croyance à la résurrection à partir d’une représentation charnelle de celle-ci. Jésus leur réplique : « En effet, quand on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans les cieux. »

Saint Paul réaffirme très clairement le lien entre la résurrection du Christ et la résurrection des morts. Cet aspect de la foi chrétienne est très bien développé dans la Première lettre aux Corinthiens (15). Il parle de la résurrection des morts et même, il fait tout un développement sur la question : comment les morts ressuscitent-ils? Il illustre ce passage de la mort à la vie par une comparaison avec la semence et la plante, « ce que tu sèmes n’est pas la plante qui doit naître. (v. 37) Il en est ainsi pour la résurrection des morts : semé corruptible, le corps ressuscite incorruptible… semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… (vv. 42-44) Et de même que nous avons été à l’image de l’homme terrestre, nous serons aussi à l’image de l’homme céleste. (v. 49) Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité et que cet être mortel revête l’immortalité. » (v. 53)

Laurent Lafontaine

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