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La lampe de ma vie
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chronique du 9 avril 2010
 

Le péché contre l’Esprit Saint

Question« Qu'est-ce que le péché contre l'Esprit et pourquoi est-il impardonnable? » (Valérie, Moncton)

RéponseAh! ce terrible péché impardonnable, mais dont on ne connaît pas la nature… Pire encore, on ne sait même pas si on l’a déjà commis. Si grave, ce péché, que trois des quatre évangélistes (Mc 3,29, Mt 12,32 et Lc 12,10) nous mettent en garde à son sujet. C’est cependant en compagnie de Luc qu’on a probablement le plus de chance d’y voir clair, parce que cet évangéliste nous offre une suite sur le sujet dans les Actes des Apôtres. Mais d’abord, quelques informations préalables.

     Luc met en opposition le péché pardonnable contre le Fils de l’homme et celui impardonnable contre l’Esprit Saint. Or Jésus est identifié, durant son ministère terrestre,  au Fils de l’homme, alors que l’Esprit Saint est, dans le langage biblique, propriété de Dieu. En fait, la traduction littérale du vocable latin spiritus (en hébreu ruah et en grec pneuma) est tout simplement souffle. Parler de l’Esprit de Dieu, ou plus précisément de son Souffle, c’est une façon imagée de désigner sa puissance agissant dans le monde. En fait, le Souffle est l’instrument par lequel Dieu exerce son règne sur l’univers. Cela n’empêche toutefois pas que, dans la Bible, cette puissance, sans être une entité distincte de Dieu, ait souvent été personnifiée; tout comme l’ont d’ailleurs été la sagesse et le péché.

     Dans le Premier Testament, on dira donc régulièrement que Dieu met son Souffle dans un personnage dans le but de lui faire accomplir une action en faveur de son peuple. Mais cet octroi du Souffle est toujours temporaire et spécifiquement lié à l’action visée. Signalons également cette autre fonction attribuée au Souffle de Dieu : celle de principe à l’origine de la vie. Ainsi croyait-on que Dieu plaçait son Souffle dans l’être humain, qui demeurait vivant tant et aussi longtemps qu’il ne lui était pas retiré.

     Quand on constate que Jésus est ressuscité et qu’il agit avec grande puissance au sein de la communauté primitive, on tire la conclusion que Dieu lui a donné son Souffle et ce, à double titre. Comme principe de vie : Jésus a désormais la vie en plénitude et la mort n’a plus d’empire sur lui; comme puissance d’action : Jésus est récipiendaire en permanence de la force divine qui lui permet maintenant d’exercer son règne messianique. Ainsi, Luc affirmera, en Ac 2,32-33, que Dieu a ressuscité Jésus et qu’il l’a fait Christ et Seigneur (= Messie) en lui donnant son Souffle Saint. Dans les Actes, parler du Souffle Saint, c’est donc parler de Jésus, Christ, ressuscité, exerçant le règne avec puissance. Or, du point de la communauté primitive, les œuvres du Christ sont si éclatantes que le fait de les nier relève de l’aveuglement volontaire ou de la mauvaise foi.

     Revenons maintenant à Lc 12,10 où on lit : Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné; mais qui aura blasphémé contre le Saint Esprit, cela ne lui sera pas pardonné. Pour évaluer correctement la portée de cette proclamation, il faut d’abord comprendre que l’évangile ne concerne pas seulement l’activité de Jésus de Nazareth durant sa mission terrestre, mais il concerne également ce que la communauté a saisi du Christ, dans l’exercice de son règne messianique, au fil des décennies postpascales. Car l’évangile n’est pas une biographie de Jésus mais bien un portrait où sont superposés les traits de Jésus de Nazareth et ceux du Christ ressuscité. La parole citée plus haut (Lc 12,10) fait donc référence, elle aussi, aux deux niveaux d’existence de Jésus, Christ. C’est pourquoi on pouvait dire qu’une parole contre le Fils de l’homme, c’est-à-dire contre Jésus de Nazareth, est pardonnable, parce que de son vivant, on ne savait pas encore qui il était et qui il allait devenir; alors que blasphémer contre le Saint Esprit est impardonnable, parce que c’est refuser de reconnaître les œuvres accomplies par le Messie au cœur de l’Église primitive, lesquelles seraient évidentes, aux dires de la communauté. Le coupable se refuserait donc à lui-même le pardon. Cette situation est d’ailleurs clairement illustrée dans le récit d’Ac 4,5-22. Il faut aller relire ce passage en écho avec Lc 12,10-12. On aura alors tout compris.

     Enfin, cette façon imagée des évangélistes de parler du péché contre l’Esprit reflète une situation contextuelle qui met en scène un problème particulier vécu par la communauté postpascale. Il est probablement inutile, voire stérile, de chercher à identifier ledit péché dans notre vie de foi actuelle.

Odette Mainville

Chronique précédente :
Qu’est-ce que la lectio divina et comment en faire par soi-même?

 

 

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