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La lampe de ma vie
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chronique du 8 novembre 2013

 

Sexualité, mariage et Bible 3/3

Bible Love

Source : nickfinnis.deviantart.com/art/Bible-Love-19291834

Lire le début de l'article : « La sexualité est partie intégrante de l’amour »

« Que dit la Bible au sujet des relations pré-conjugales? »

     J’en reviens à la première question qui porte sur la relation sexuelle ou le « faire l’amour » avant le mariage. La Bible donne-t-elle un éclairage particulier? Si elle parle de la relation homme/femme, elle ne dit rien de précis sur ce point, sachant que ce type de question savait leur réponse davantage au niveau des habitudes culturelles. Dans les lettres de Paul, on trouve des « catalogues de fautes ou de péchés » qui sont communs avec la pensée de la philosophie stoïcienne de l’époque. Si la « morale sexuelle » prend une place quasiment obsessionnelle dans l’enseignement de l’Église, c’est en partie dû au développement de la personne humaine et à la naissance d’un individualisme de plus en plus grand. La revendication de la liberté personnelle s’accompagne d’une libération au niveau sexuel, les nouvelles pratiques contraceptives permettant en plus de cela une sexualité sans risque. Alors que la sexualité était, depuis toujours, liée à la procréation de l’enfant, elle est présentée aujourd’hui comme un lieu d’épanouissement de la personne humaine. Cette trop brève analyse permettra peut-être de mieux comprendre l’évolution qui s’est faite et le changement de situation.

     Revenons à la Bible. Je me contenterai de la réponse faite par Jésus aux pharisiens qui l’interrogent sur la question du renvoi de l’épouse et de l’acte de répudiation qui accompagnait ce renvoi (cf. Mc 10,1-12). Des pharisiens viennent demander à Jésus son avis sur la pratique de la répudiation de la femme que la loi mosaïque permet. Ce dernier répond en deux temps. « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse a écrit ce commandement. » dit-il d’abord. Puis, reprenant le vieux texte de la Genèse (2,24) il ouvre une perspective nouvelle : « Mais au commencement du monde Dieu les fit mâle et femelle; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair. » Ayant cité le texte biblique, Jésus ajoute : « Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (TOB)

     Ce texte sera déterminant pour la tradition chrétienne qui s’en inspire largement pour développer sa conception du mariage. Le désir de Dieu pour le couple humain, c’est de le voir entrer dans une logique d’amour total ou d’alliance qui ne se défait pas au gré des humeurs du moment. L’amour, tel que Dieu l’appelle à exister entre deux êtres humains, est une force de communion qui leur permet de ne faire plus qu’un et de trouver une unité nouvelle qui détermine la suite de leur existence et en constitue le centre. Jésus veut faire entrer ses disciples dans une authentique logique de l’amour, tel que lui-même le vit dans sa relation à Dieu son Père. C’est un véritable défi qu’il lance, tout en restant conscient d’une réalité bien souvent mortelle pour la durée de cette relation : la dureté du cœur humain. Cela ne l’empêche pas d’exprimer avec force son souhait : voir les humains vivre au niveau d’une vie d’amour pleinement donné l’un à l’autre.

     Dans cette perspective d’appel à aimer en vérité, qu’en est-il des relations sexuelles avant mariage? Péché mortel? Je me garderai bien de répondre à cette question par un oui ou un non. Je sais que l’Église a souvent utilisé ce langage. Que voulait-elle souligner en utilisant un terme ressenti parfois de manière traumatisante? Je pense que l’on sera d’accord de reconnaître que certains actes vécus inconsidérément peuvent avoir des conséquences dramatiques et mortifères pour la vie de l’autre. La justice humaine condamne une série de délits par des peines de prison, précisément parce qu’ils portent atteinte à la vie de l’autre. Inutile de les énumérer tous ici. La violence à caractère sexuel en fait largement partie. Les journaux sont remplis de faits d’actualité qui finissent devant monsieur le juge. La relation sexuelle engage fortement la personne humaine. Mal vécue, elle peut être la cause de traumatismes profonds. Les récents scandales de pédophilie, le viol en milieu conjugal ou le simple harcèlement sexuel sont graves parce qu’ils détruisent l’autre. Pour devenir source d’épanouissement personnel, la relation sexuelle au sein du couple doit être vécue dans la gratuité de la rencontre amoureuse et de la reconnaissance mutuelle. Cette relation-là se construit peu à peu et elle est primordiale. Les relations sexuelles sont possibles sans engagement amoureux authentique. Elles existent alors tant que dure la passion amoureuse, mais risquent un étiolement rapide. En courant de femmes en femmes, Don Juan étale certes au grand jour ses capacités sexuelles, mais il ne montre en fait que son incapacité à entrer dans une vraie relation avec l’autre.

Pour conclure...

     Je dirai qu’il ne me revient pas de dire ce qui est péché mortel et ce qui ne l’est pas. Seule la prise de conscience personnelle permet de comprendre le poids d’un acte posé. Certains choix aident à vivre, d’autres sont « mortels » pour l’autre et la personne qui les pose. Il faut en être conscient et savoir prendre ses responsabilités. Pour l’Église catholique, la vie sexuelle est un domaine de l’existence humaine qui suppose un amour mutuel librement partagé et un engagement réciproque authentique. Je pense que cette perspective est à sauvegarder le plus possible, même si notre monde est en train de bouleverser la vieille conception religieuse du mariage. Est-ce mieux? Le nombre croissant de divorces manifeste bien la fragilité du lien qui n’a pas eu le temps de se constituer. Comme dit l’adage populaire : « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs! » La relation sexuelle peut se vivre sans amour, mais l’amour ne s’édifie et ne se vit que sur la base du don mutuel et d’une « relation parlée ». Apprendre à se parler, à s’écouter, à se respecter demande par contre du temps.

Roland Bugnon

Article précédent :
La dîme : son origine et son utilité

 

 

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