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La lampe de ma vie
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chronique du 17 octobre 2014

 

Divorce, remariage, accès aux sacrements…
Que dit Jésus au sujet des divorcés-remariés ? (2/3)

Qu'en dit la Bible? | Que dit Jésus ? | Des pistes de solutions

alliances

La question est posée à Jésus en Mt 19,3 : Des pharisiens sapprochèrent de lui pour le mettre à l’épreuve; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour nimporte quel motif? » On remarque tout de suite que la question prend une forme très masculine, Est-il permis à l’homme?… Et la raison invoquée va jusqu’à « n’importe quel motif. » La femme elle-même n’a rien à dire et s’en trouve la première victime. Quelle réponse donne Jésus à ce problème? Il répondit : « N’avez-vous pas lu ceci? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme, et dit : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas! » (Mt 19,4-6)

     On remarque que Jésus ne répond pas immédiatement à la question. Il la place sous l’éclairage du projet divin souhaité pour le couple humain : tous deux deviendront une seule chair. Et pour marquer fortement l’importance du lien amoureux qui se forme à l’intérieur d’un couple, Jésus ajoute : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas! »Cette parole bouscule ceux qui sont venus l’interroger. Ils veulent savoir pourquoi la loi mosaïque prévoit un acte de divorce avant la répudiation d’une femme. Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. » (Mt 19,8) Deux éléments sont ici mis en opposition : « la dureté de votre cœur » d’une part et de l’autre le rappel du « commencement ». Autrement dit :

  1. Le législateur doit réagir face à des situations concrètes. Plutôt que de renvoyer sans plus une femme et la laisser seule et sans défense sur le carreau, il oblige l’homme qui renvoie sa femme de lui donner un acte de répudiation qui libère cette dernière de tout engagement envers son ancien mari. Jésus commence par reconnaître une situation de fait : l’entente entre époux n’est pas chose simple ni facile. La « dureté du cœur » crée des situations qu’il faut bien régler. 

  2. À ce premier constat, il ajoute immédiatement un « mais ». Il rappelle le désir de Dieu pour l’être humain : « au commencement, il nen était pas ainsi… » Jésus renvoie ses interlocuteurs au désir de Dieu pour l’humanité et ce à quoi tous sont appelés. La cellule familiale forme la structure première, régie par la seule « loi de l’amour » qui pousse deux personnes à vivre dans une unité nouvelle, « une seule chair ».

  3. Dans un troisième temps, Jésus ajoute une petite phrase qui veut montrer toute la grandeur de l’amour humain authentique : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas! » Cette dernière phrase fournira la base de l’enseignement que l’Église catholique a cru devoir donner à propos du mariage, du divorce et des divorcés remariés. Si elle admet la séparation des époux d’un couple qui ne parvient pas à s’entendre, elle refuse – contrairement à l’Église orthodoxe – toute idée de remariage religieux. De plus, elle croit devoir priver d’accès à la communion, toute personne divorcée-remariée.

     Il ne m’appartient pas de changer les réglementations que l’Église catholique a cru devoir prendre à une certaine époque de son histoire. Le Synode actuel des évêques sur la famille apportera peut-être quelques éléments nouveaux. Je l’espère vivement.

Le message évangélique n’est pas un code de lois

     Il me semble important de rappeler à tous que l’Évangile est par définition « Bonne Nouvelle » et non un ensemble de lois qui régissent le permis et le défendu de la vie humaine. Ce point mérite qu’on s’y arrête. On trouve par exemple dans le sermon sur la montagne en Mt 5-7 de nombreux enseignements du Seigneur qui n’ont jamais été pris au pied de la lettre. Citons quelques exemples!

  1. En Mt 5,21-23, on entend Jésus donner une nouvelle signification au commandement« Tu ne commettras pas de meurtre, » À ses yeux, l’interdit de tuer s’étend à tout ce qui menace la relation entre humains. Et il ajoute aux versets 23-24 « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à lautel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant lautel, va dabord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » Le christianisme a connu de nombreuses ruptures et on continue à célébrer sans tenir aucun compte de cet appel à commencer d’abord par se réconcilier avec son frère, avant de penser à une célébration religieuse comme l’eucharistie.

  2. Autre exemple : l’amour des ennemis Mt 5,44 : Eh bien! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Un regard sur l’histoire passée montre tous les débats et les violences commises en dépit de cet appel. La « machine à condamner et excommunier » a fonctionné plus souvent que l’appel à dépasser les divisions.

  3. Et concernant la divinité très moderne de l’Argent : Mt 6,24 « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera àl’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. ».

     Ces trois exemples ont le mérite de montrer que l’on peut être très sélectif en lisant l’Évangile. L’appel du Seigneur nous invite à « être parfaits comme le Père est parfait » (Mt 5,48), même s’il connaît nos faiblesses et sait bien que cette perfection n’est pas atteignable par nos propres forces. Les disciples en sont bien conscients lorsque, après avoir entendu Jésus parler de la difficulté pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux, ils l’interrogent (Lc 18,27) : Mais qui peut être sauvé? Ils sont bien conscients de la difficulté d’un détachement radical de toute richesse. Jésus répond alors : « Aux hommes, cest impossible! Mais à Dieu rien nest impossible. » Cette réponse de Jésus vaut aussi pour les divorcés-remariés. Face à une situation d’échec, il est toujours possible de s’en remettre à Dieu. En Jésus, le monde a trouvé son chemin d’accès vers le Royaume et l’Amour s’est montré plus fort que le péché.

Roland Bugnon

Suite de l'article :
Des pistes de solutions pour les divorcés-remariés

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L’image violente de Dieu dans le récit du déluge

 

 

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