Tête de Christ. Rembrandt, circa 1648-1654. Huile sur panneau de chêne, 58,4 x 53,5 cm. Detroit Institute of Arts (Wikipedia).

Roland Bugnon, CSSP | 9 octobre 2017

Ami(e) lecteur ou lectrice,

Voilà une adresse un peu familière – je l’avoue – mais c’est ainsi que j’ai envie de te parler, comme un ami qui s’adresse à l’un ou l’une de ses ami(e)s.  Tu sais bien que cela change tout. Je n’ai pas envie de prendre le rôle de l’enseignant qui donne l’impression de tout connaître. Je désire utiliser avec toi le langage du cœur pour mieux partager une longue expérience de compagnonnage avec la Parole qui parle de Jésus de Nazareth. Depuis 20 siècles, de nombreuses personnes qui ont croisé sa route ont eu la chance de découvrir en lui « Celui qui remet debout et fait vivre ». Cette découverte, je te propose de la faire ou de la refaire en reprenant une série de récits écrits par l’évangéliste Marc. Dans les premiers qu’il rapporte, il met en valeur des paroles qui relèvent et redonnent vie. En prenant le temps de les méditer, tu verras qu’elles n’ont rien perdu de leur actualité. Je suis bien conscient que cette lecture est assez personnelle; mon point de vue est particulier. Cela ne doit pas t’empêcher de rester libre et d’avoir aussi le tien.

Avant de commencer cette série de réflexions, je voudrais te parler d’une difficulté qui pourrait être la tienne comme elle fut la mienne en son temps. Au fil des ans et des célébrations vécues en paroisse, on finit tous et toutes par posséder une connaissance des évangiles et de leur contenu. Si je parle de Zachée à des enfants du catéchisme, ils lèvent presque tous la main pour dire aussitôt : « Je connais ! » Effectivement Zachée est connu comme « le petit bonhomme qui a grimpé dans un arbre pour voir passer Jésus ». L’histoire est restée en mémoire à travers le souvenir de l’élément le plus spectaculaire. Quant au sens profond du récit, il y a souvent peu de chose à dire! Les principales séquences de l’évangile sont connues et appartiennent à la mémoire de l’église. Pourtant, la connaissance de la trame d’un récit ne suffit pas à en expliciter le contenu. Ce constat me pousse à vouloir t’aider à découvrir la richesse de l’Évangile.

Voici ce que je te propose : (a) relire quelque récits de rencontres avec Jésus prises dans l’évangile de Marc, (b) y rechercher le sens profond ou le message qu’ils délivrent aujourd’hui et (c) y répondre par une prière personnelle inspirée de cette lecture.

Le visage humain de Dieu

Nous sommes dans le premier chapitre de l’évangile attribué à Marc. Le texte commence de manière solennelle, avec une annonce faite au lecteur et une profession de foi : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (Mc 1,1)Cette adresse sera reprise de manière similaire au terme du récit de la crucifixion de Jésus. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39) Cette ultime proclamation de foi éclaire la perspective que donne Marc à l’ensemble de son récit : permettre au lecteur de découvrir, au terme d’un long cheminement, la « Bonne Nouvelle » de Jésus reconnu comme le Fils ou le visage humain de Dieu. Tout ce qu’il va écrire à son sujet n’aura d’autre objectif. Si le lecteur moderne veut en tirer profit, il ne doit pas oublier cette perspective. Marc n’écrit ni comme un journaliste ni comme un historien qui cherche à rapporter des faits vérifiés, mais comme un témoin qui utilise une forme de langage propre à son temps dans une perspective qu’il annonce clairement.

Roland Bugnon est membre de la congrégation du Saint-Esprit. Après 17 ans de ministère pastoral et d’enseignement en Centrafrique, il est revenu dans son pays, la Suisse. D’abord à Bâle, puis à Fribourg, il s’est  investi dans des tâches d’animation spirituelle et biblique.