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chronique du 15 novembre 2013
 

Marcel Jousse, prêtre et jésuite

Marcel JoussePour nous situer, prenons d’abord le train à Paris. En partant vers l’ouest, plus précisément l’ouest-sud-ouest, nous arriverons à Chartres, puis au Mans (nous connaissons au moins les 24 heures du Mans). Du Mans, suivons la rivière Sarthe vers le nord : vingt-cinq kilomètres nous amènent à Beaumont-sur-Sarthe. Encore vingt-cinq kilomètres, et nous serions à Alençon, déjà en Normandie. Beaumont compte deux mille habitants. La famille Jousse habite sur une ferme appelée la « petite Lardière », à un kilomètre au sud-ouest, sur une route appelée la Boucane. Joseph-Anatole, le père, travaille comme journalier; la mère s’appelle Honorine. En 1886, Honorine donne naissance à son deuxième garçon. Au baptême, l’enfant s’appelle Anatole-Honoré; son frère aîné, Marcel, est le parrain. Quelques années plus tard, Marcel, à peine âgé de douze ans, meurt, peut-être pour avoir trop travaillé trop tôt. Le petit Anatole-Honoré portera désormais le nom de son parrain.

     Quand le nouveau Marcel Jousse, le nôtre, a six ans, la famille déménage à Meurcé, un village voisin de trois cents habitants. Grâce à un héritage, la maman Honorine a pu acheter là une petite maison avec un bout de terre. Mais l’enfant ira à l’école à un autre village, encore plus petit, Nouans, où il y a maintenant une place Marcel-Jousse. Marcel marche à l’école; il a son canif en poche. Il ne suit pas la route, mais passe à travers les champs et les broussailles. Il raconte : « J’arrivais à l’école juste à l’heure, si bien que le maître d’école Borette disait : “Ah, voilà le gars Marcel qui arrive. C’est l’heure.” Et l’on entrait en classe. » (Baron, p. 19)

     Marcel parlait volontiers de sa mère, mais jamais de son père. Celui-ci était bon travailleur, mais avare. Il cachait sous un lit un gros sac de pièces d’or, mais laissait sa femme vivre de son travail de couturière. Quand Marcel eut douze ans et que le père voulut le mettre à l’ouvrage, Honorine décida de se séparer de son mari, lui laissa le petit bien qu’elle possédait et s’en retourna vivre à Beaumont avec son fils. Celui-ci sait déjà qu’il veut devenir prêtre. Pendant deux ans, la mère prépare son trousseau pour le collège, pendant que lui travaille et étudie. Le vicaire de la paroisse lui enseigne non seulement l’algèbre, le latin et le grec, mais aussi l’hébreu et l’araméen. Car Marcel veut savoir de quoi on parle quand on dit que Jésus a dit ceci ou cela. C’est le début d’une quête qui va occuper toute sa vie.

     En 1900, à l’âge de quatorze ans, il commence ses études secondaires à Sées. Cette fois-ci, on est carrément en Normandie, à vingt-trois kilomètres au nord d’Alençon. Après cinq ans d’études classiques (Homère, Virgile) et d’anglais, il entre au grand séminaire, toujours à Sées, mais il doit interrompre ses études pour accomplir son service militaire, de 1907 à 1909. Il est ordonné prêtre en décembre 1912 et célèbre sa première messe le jour de Noël. Il passe l’année scolaire 1912-1913 comme professeur de collège à Caen, mais étudie en même temps à l’université et obtient une licence de langue et de littérature classique.

Légion d'honneur     En juillet 1913, il entre au noviciat des Jésuites. Mais il lui faut traverser la Manche, car les Jésuites, comme tous les religieux, ont été expulsés de France. En août 1914, il doit rejoindre son régiment. En octobre 1915, il est décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre pour « bravoure exceptionnelle ». Promu capitaine d’artillerie, il part aux États-Unis en mars 1918 pour contribuer à la formation des officiers américains. Il profite de son séjour pour visiter des réserves indiennes et étudier les méthodes de communication des Amérindiens.

     Rentré en France à la fin de 1919, il termine son noviciat jésuite à Jersey et prononce ses vœux le 3 décembre 1920. Il étudie encore la philosophie pendant deux ans, et en 1922 il est nommé à Paris, avec la permission d’entreprendre les études auxquelles il va consacrer le reste de sa vie : le style oral. Son rêve est de pouvoir un jour retrouver la parole vivante de Jésus.

Baron, Gabrielle. Mémoire vivante. Vie et œuvre de Marcel Jousse. Paris, 1981.

Rémy Guérinel, Dates de la vie de Marcel Jousse.

Gaston Lessard

 

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