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chronique du 22 mai 2015

 

La femme adultère (suite)

Le Christ et la femme adultère

Le Christ et la femme adultère
Tiziano Vecellio ou le Titien
Huile sur toile, 82,5 x 136,5 cm
circa 1512-1515
Musée d’histoire de l’art de Vienne (Wikimedia)

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Nous sommes au quotidien souvent confrontés à la dynamique des condamnations. Les avocats ne chôment pas, les tribunaux débordent de toutes sortes de causes toutes aussi complexes les unes que les autres.

     La conjugalité n’échappe pas à cette dure réalité. Cette parole qui surprend à chaque fois que je la propose dans une démarche de préparation au mariage ouvre souvent les cœurs et nous conduit sur des profondeurs jusqu’alors inaccessibles. Jésus est poursuivi et même traqué, ce qui ne fait pas de lui un homme abattu et absent. Fort de sa communion avec le Père, il est là présent dès l’aurore dans le Temple. Et tous viennent à lui.

     Paul nous dit que nous sommes les temples de Dieu, que nous sommes sacrés. Dans le quotidien d’un lien conjugal, chaque partenaire est-il conscient de cette vérité au point de ne pas vouloir profaner cette présence de Dieu dans l’autre. Il ne va pas de soi d’être en alliance, et nous le sommes si nous établissons des relations de sujet à sujet. Dès que nous sortons de cette réalité, de cette dynamique, on sort de Dieu. Et le risque est grand de se retrouver enfermés dans notre mal, en replis sur soi, en domination ou en défensive. En un mot, en enfer.

     La Parole de Jean 8 nous présente Jésus dans sa capacité d’être sujet de relation, en communion avec le Père mais aussi avec chacun. Voilà que surgissent des scribes et des pharisiens apportant une proie qu’ils utilisent comme un appât et du haut d’une parole accusatrice la pointe en la dénonçant dans son être d’adultère. Elle n’est plus une femme, elle devient un objet réduite à son péché.

     Pour donner du poids à leur stratège, ils fondent leur attitude sur le grand législateur vénéré d’Israël qu’est Moïse, et confrontent Jésus à la Loi révélée par ce fondateur et libérateur d’Israël. Ils utilisent la Loi comme la femme pour atteindre leur but : accuser Jésus.

     Jésus n’entre pas dans la parole accusatrice mais signifie par son abaissement et son écriture sur le sol le geste fondateur à la fois des Tables de l’Alliance reçues sur la montagne et annonce l’abaissement du Fils sur la croix qui, non pas par la règle, mais par le don de sa vie apporte le salut au monde.

     Mais eux persistent dans leur obstination, et se redressant leur dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Parole qui les décentre de lui et de la femme pour les centrer sur eux et leur accusation. Ils préfèrent partir plutôt que de risquer le geste qui pourrait déchaîner l’accusation de leur semblable envers eux-mêmes. Et le voilà seul avec la femme à qui il va donner la parole : « Femme, où sont-ils? Personne ne t’a condamnée? » Elle répond : « Personne Seigneur ». Elle est rétablie dans sa dignité de sujet. Et pour la première fois dans cette parole, on se retrouve au cœur d’une authentique relation de sujet à sujet.

 

     Jésus est de plus en plus traqué par les scribes et les pharisiens. Après une nuit de présence au mont des Oliviers, il se retrouve dès l’aurore dans le Temple inspiré de sa nuit de rencontre avec le Père, et sa densité d’être attire à lui tout le peuple. Et il leur enseignait la communion et la rédemption.

     Et voici que les scribes et les pharisiens continuent leur combat et leur résistance et lui amènent une femme qu’ils accusent d’adultère pour parvenir à l’accuser lui-même et réduire l’influence qu’il acquiert de plus en plus auprès du peuple et qui menace l’emprise qu’eux-mêmes exercent auprès de ce peuple qu’ils maintiennent dans la crainte d’un Dieu vengeur.

      Ils assurent ainsi leurs certitudes d’être les défenseurs du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et les rassurent sur leurs conditions d’être les enfants privilégiés du Dieu d’Israël. Ils veulent éliminer Jésus qui est selon eux un danger qui égare ce peuple qui les admire dans la pureté de leur soumission à la Loi qui est leur puissance pour se faire reconnaître comme les fils préférés du Dieu de leur père.

     Tous les moyens sont justifiés pour accomplir leurs œuvres qu’ils croient de salut pour maintenir leur pouvoir auprès de ce peuple qui les admire même au prix d’utiliser une femme et de sacrifier sa vie pour réduire à néant la reconnaissance qui se répand de plus en plus à l’égard de la personne de Jésus. Par un subterfuge, ils vont tenter d’enfermer Jésus dans la parole accusatrice; ils vont le confronter à Moïse, au législateur d’Israël reconnu de tous pour qu’il prononce la sentence de condamnation.

Pierre Desroches

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