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L’écoute en récitatif biblique 2/2

AuteurAuteurHélène Pinard et Hélène Boudreau | 25 novembre 2019

Dans la première partie, nous avons expliqué comment, en récitatif biblique, on prépare le corps et le cœur pour recevoir la Parole. Cette deuxième partie permettra de découvrir des chemins que la Parole trace dans le cœur des personnes qui la reçoivent et l’écoutent. 

Écouter battre son cœur au rythme de la Parole 

« Et Marie retenait toutes ces paroles, les récitant dans son cœur. » (Lc 2,19 ;  traduction Marcel Jousse/Louise Bisson)

Le dialogue intérieur peut être source de richesse et de cheminement personnel. Plusieurs éléments nourrissent naturellement ce dialogue : les « rejeux » de conversations avec d’autres personnes, les conversations qu’on envisage de tenir, les douleurs et ressentis physiques, etc...En accordant davantage d’attention et de présence à ces éléments qui surgissent involontairement, on grandit intérieurement. 

Grâce à la discipline du récitatif, plusieurs passages bibliques s’impriment en soi, Paroles disponibles qui peuvent nous guider intérieurement selon les moments de vie. La puissance même de l’Esprit, conjuguée à la Parole retenue et récitée est à l’œuvre dans nos cœurs de chair pour guérir et sauver ce qui a besoin de l’être.

Lors de sessions ou ressourcements à partir d’un récitatif biblique, la personne qui transmet invite régulièrement les participantes et participants à rester en contact avec ce qui se passe en soi, à se mettre à l’écoute de ce qui se manifeste au contact de la Parole. Après un moment de dialogue intérieur, le fait de noter par écrit ce qui s’est vécu favorise une prise de conscience plus claire. Un sens personnel se dégage de la Parole reçue.

Dans ce cheminement, le silence intérieur joue un rôle important. Le simple fait de s’arrêter, s’asseoir et faire silence demande beaucoup de discipline personnelle. Il est fréquent que distractions et obstacles fassent que l’on néglige ces moments précieux.

Seul ou en groupe, en session ou au quotidien, faire silence en mettant de côté toute préoccupation pour se retrouver intérieurement, pour descendre en soi et se centrer sur l’essentiel, choisir de rester en contact avec son centre, toutes ces attitudes favorisent l’écoute intérieure. Souvent, on y rencontre de la résistance, de la réticence. En prendre conscience est aussi une forme d’écoute de soi.

On se rend ainsi disponible à cette « petite voix intérieure », cette partie de soi qui est similaire à « l’esclave » (Lc 7,1-10), « au fils cadet » (Lc 15,11-24), « au lépreux » (Lc 17,11-19), « au collecteur d’impôts » (Lc 19,1-10). C’est l’accueil de la partie la plus humble en soi, la plus difficile à accepter et à aimer. Il y a là une union : l’agissement de la Parole en soi, marié aux ressentis et intuitions de vie. En écoutant comment rejoue cette Parole qui fait dorénavant partie de soi, on devient plus attentif à ce qui se manifeste. Être à l’écoute de soi, c’est laisser la Parole nous indiquer le chemin et accepter bien humblement, en toute confiance, de le suivre.

Être vu, être entendu, être compris par soi-même, tout en restant collé à la Parole qui remonte, qui rejoue en soi est un chemin de vie! Et là, peut se vivre la communion intérieure entre Dieu et soi. C’est ainsi que se réalise peu à peu ce verset du Notre Père : « Que ta Volonté soit faite sur la Terre comme au ciel. » (Mt 6,10)

Il y a plusieurs façons de nourrir l’écoute de soi. Au fil du vécu en récitatif, sur une base continue, lorsque les occasions se présentent, les récitants peuvent être attentifs à la Parole ou le verset qui rejoue, recevoir l’émotion qui surgit, écrire ses observations dans un journal de bord. Après avoir « mâché » quelques récitatifs bibliques, on peut relire l’ensemble de ses notes personnelles pour déceler des patrons qui se répètent et découvrir l’évolution vécue intérieurement. En refaisant le récitatif, les mots ou gestes occultés ou réalisés avec moins de précisions deviennent une invitation à aller à la rencontre de ce qui veut être reconnu en soi. 

Certains récitatifs se prêtent à une « relecture de vie ». Suite à l’étude de la structure d’une péricope, un épisode de vie peut prendre du relief et acquérir un sens plus profond. Ainsi, une « annonciation personnelle » peut se nommer à partir du texte de l’Annonce aux bergers (Lc 2,8-14) ; un passage de l’ombre vers la lumière à partir de l’appel fait à Abram (Gn 12,1-6) ; une « expérience de Pentecôte » peut être rédigée à la lumière du texte de Ac 2,1-4. 

Comme nous invite l’auteur du livre des Proverbes : « En toute vigilance, garde ton cœur, car de lui dépendent les issues de vie. » (Pr 4,23 ; traduction Louise Bisson @2000) Ainsi, on écoute son cœur qui bat au rythme de la Parole.

Hélène Pinard et Hélène Boudreau sont transmetteures pour l’Association canadienne du récitatif biblique.

Jousse

Récitatif biblique

L'Association canadienne du récitatif biblique propose une chronique mensuelle pour comprendre la discipline spirituelle qui rassemble ses membres. Axée sur la Parole et sur son effet sur l'ensemble de la personne, le récitatif biblique est une forme de méditation où tous les sens sont sollicités.