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Archéologie
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chronique du 11 septembre 2009
 

Le « chalet » d’Hérode le Grand

cour du palais royal

Cour du palais royal.
(photo : BiblePlaces.com)

Dans une chronique antérieure, j’ai signalé la découverte de la piscine probable dans laquelle Hérode avait fait noyer un adversaire possible, Aristobule. Cette piscine faisait partie d’un vaste complexe bâti au bord de l’oasis de Jéricho, où le climat des mois d’hiver est d’une douceur idyllique. Déjà le roi asmonéen Alexandre Jannée (103-76 av. J.-C.) y avait construit un petit pavillon, agrémenté de la piscine dont il a été question (section A du plan). Mais ces installations furent jugées insuffisantes par Hérode; il les augmente donc de nouveaux ouvrages, somptueusement confortables, que les recherches archéologiques ont révélé (sections B et C du plan).

« À Jéricho encore, entre la citadelle de Cypros et l'ancien palais, le roi fit construire de nouvelles habitations plus belles et mieux aménagées pour la réception des hôtes ; il leur donna le nom de ces mêmes amis [César (Auguste) et Agrippa]. En un mot, il n'y eut pas dans son royaume un lieu approprié où il ne laissât quelque marque d'hommage envers César. Après avoir rempli de temples son propre territoire, il fit déborder sur la province entière sa dévotion à l'empereur et fonda des temples de César dans plusieurs cités. » (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 1,21,4)

plan de l'ensemble

Plan de l'ensemble : A) palais asmonéen et piscine de la noyade ;
B) palais d'Hérode le Grand ; C) lieux de réception et d'agrément d'Hérode le Grand.

     On remarque tout d’abord un petit palais (B sur le plan) réparti sur les trois côtés d’une cour centrale qui pouvait sans doute être enjolivée d’un jardin; l’ensemble mesure 46 x 88 mètres! C’était la résidence privée du roi, toute tournée vers l’intérieur, dans le style des maisons de Pompéi et d’Herculanum, en Italie. L’état des ruines ne nous permet pas d’en donner un plan plus précis, mais les débris de matériaux nous laissent voir ces pièces aux murs plâtrés et peints en panneaux imitant le marbre. Établi sur un petit plateau dominant légèrement les environs, ce petit palais d’hiver permettait donc au roi d’admirer tous les éléments de ce lieu de séjour de prédilection.

reconstitution du complexe

Reconstitution du complexe C : salles de réunion, bains et jardins.

     Au nord de cette résidence royale, répartie de chaque côté des rives d’un ruisseau, sec en été, mais assez vif en hiver, à cause des pluies abondantes dans les monts de Judée, à l’ouest, Hérode fit construire différents lieux de réception et de repos (complexe C du plan).

     Sur la rive nord, on a pu relever le plan précis de salles communes à la fois riches et commodes. Une grande salle de réception (27 x 18 mètres) permettait au roi d’y réunir ses nombreux invités; elle était entourée d’une colonnade sur trois côtés, pour permettre de la recouvrir d’un toit surélevé, percé de fenêtres nombreuses et étroites, permettant ainsi de garder la fraîcheur du lieu et de l’éclairer discrètement. D’après les traces laissées dans le mortier du sol, un beau plancher de petites dalles de marbre aux formes géométriques en recouvrait toute la surface. Tout à côté de cette salle, une vaste cour ayant à peu près les mêmes dimensions, et entourée aussi d’une triple colonnade, permettait aux invités de pouvoir prendre l’air à ciel ouvert, tout en étant à l’abri du soleil ou du vent. Et enfin, contiguë à cette cour, on a retrouvé une importante installation de bains dans le style de Rome, avec sa salle de déshabillage, et les trois bains classiques, aux eaux chaude, tiède et froide.

     Ce complexe dominait un jardin qu’Hérode avait fait dresser de l’autre côté du ruisseau, et à un niveau nettement plus bas les archéologues parlent même de « jardins enfoncés »! Les plantes étaient cultivées en pots, dont quelques uns étaient encore enfouis dans le sol. À l’est et à l’ouest ce jardin était clos par des promenades à colonnades (stoa), très propices à la causerie et à la rêverie. Aboutée à l’une de ces promenades, une rampe permettait l’accès à un petit pavillon bâti sur une hauteur artificielle, dont l’usage reste encore obscur. Peut-être que le roi s’y retirait pour plus de solitude, tout en jouissant de la vue du jardin, ou encore qu’il tenait là des réunions de conseils privés. Et enfin, à l’est du jardin, on a pu suivre le périmètre d’un vaste étang qui enjolivait le paysage tout en apportant de la fraîcheur.

     Nous n’avons ici qu’une résidence occasionnelle pour les mois d’hiver! Que devaient donc être ses vrais palais à Jérusalem et à Césarée! C’est dans ce palais de Jéricho qu’Hérode mourût, et c’est d’ici que le cortège funèbre se mit en branle pour porter le cadavre du roi à son dernier repos, à l’Hérodion, près de Bethléem.

Guy Couturier, CSC

Source : Parabole iv/3 (1982).

Lire aussi :
Hérodion : tombeau d’Hérode le Grand

Article précédent :
Une noyade réussie

 

 

 

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