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Archéologie
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chronique du 11 décembre 2015

 

L’Hérodium, le palais-forteresse de Bethléem 1/2

Vue aérienne du site

Vue aérienne du site (photo : Wikipédia)

Le récit de la naissance de Jésus en Matthieu est construit sur une opposition entre le roi Hérode et celui qui vient de naître. D’un côté, on retrouve un tyran prêt à tuer des enfants pour garder son trône et de l’autre un nouveau-né vulnérable. Une visite de la région de Bethléem montre bien la démesure du roi mégalomane.

Une montagne comme monument

     La campagne judéenne, dans la région de Bethléem, voit s’élever, à l’orée du désert de Juda, une montagne qui se démarque des autres et possède un sommet tronqué qui lui donne un air de volcan. Flavius Josèphe dans ses Antiquités la décrit autrement : « C’est, en effet, une colline assez haute, artificiellement exhaussée et présentant dans son ensemble la forme du sein d’une femme. » (Ant XV,324). Il faut dire qu’à son époque le sommet n’était pas en ruine et que la forteresse s’élevait au bout de la rondeur de la montagne… 

     Une partie de la montagne est artificielle, élevée de toute pièce par les ouvriers d’Hérode. En vérité, ce dernier voulait s’assurer qu’on la verrait de loin, même depuis Jérusalem. L’Hérodium, en plus d’être une sorte de palais-forteresse, devait également servir de mausolée à Hérode. Voici ce que dit Flavius concernant les funérailles d’Hérode :

On le portait sur une litière d’or parsemée de pierreries précieuses et variées; il y avait une couverture pourprée; le mort était revêtu de pourpre, paré d’un diadème surmonté d’une couronne d’or, et un sceptre était étendu à côté de sa main droite. Autour de la litière marchaient ses fils et la foule de ses parents; derrière, l’armée répartie selon la nationalité et la désignation des corps de troupes : d’abord les gardes, puis le corps thrace, ensuite tous les Germains et après eux les Gaulois, tous en tenue de campagne. Derrière eux s’avançait le reste de l’armée marchant en ordre de bataille, conduit par les centurions et les chefs de cohortes. Suivaient cinq cents esclaves portant des aromates. On alla ainsi jusqu’à Hérodion, distant de huit stades, car c’est là que le roi fut enseveli conformément à ses volontés. Telle fut la fin d’Hérode. (Ant XII,197-199)

     Les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour deux complexes : la forteresse au sommet de la montagne, et les palais et d’autres installations aux pieds de la montagne.

Gros-plan du sommet

Gros-plan du sommet

Au sommet, la forteresse

     La forteresse trône au sommet du grand cône. Cette partie a été fouillée de 1962 à 1970 d’abord par le Père Corbo, puis par E. Netzer. Elle est tout à fait reconnaissable par sa structure circulaire et la présence de quatre tours alignées en direction des points cardinaux. La tour pleine se trouvant du côté Est.  Les trois autres tours sont en forme de demi-cercles et sont vides, laissant supposer qu’elles offraient un intérieur à aires ouvertes.  

     Deux murs parallèles reliaient les tours entre elles, formant ainsi un couloir continu de 3,5 mètres de largeur. Ce couloir se terminait sur les deux côtés de la tour pleine.  Il est difficile maintenant de bien suivre ces murs parallèles, car ils ont été passablement détruits. On peut cependant les voir du côté de la tour Nord. Le mur extérieur est visible et on peut en suivre le trajet tout autour du site. Le mur intérieur est très bien identifiable au Nord, mais il faut un peu le deviner par la suite. Les tours semi-circulaires devaient s’élever à la même hauteur que le mur extérieur tandis que la tour pleine, de 18m de diamètre, pouvait s’élever bien au-dessus du rempart. Elle est conservée aujourd’hui sur une hauteur de 16 mètres. Le diamètre extérieur de ce palais circulaire faisait 62 mètres.

     On accédait au palais par l’escalier souterrain qui arrivait dans la terrasse-jardin du palais. On voit l’endroit de cette arrivée entre la tour Est (pleine) et la tour Nord. Une tranchée, surmontée aujourd’hui d’un petit pont, en indique bien l’emplacement (sur la photo ci-haut elle est en haut de la photo). C’est Flavius qui signale que cet escalier comptait 200 marches de marbre. Tout l’escalier était voûté et recouvert de gravats, le rendant invisible de l’extérieur. Une chose intéressante que l’on a observée durant les fouilles : tout le souterrain avait été bouché avec du remplissage qui avait partout la même texture. Ceci fait dire aux archéologues qu’il est probable qu’il ait été bouché d’un seul coup après la mort d’Hérode.  

     Au fond du complexe intérieur, Hérode avait fait aménager un magnifique palais avec jardin, salle à manger, bains romains, etc.

(photo : bibleplaces.com)

La salle à manger/synagogue

     La grande salle servait de salle à manger (triclinium) à l’époque hérodienne. Quatre colonnes supportaient le toit, ou des poutres pour l’aménagement d’un deuxième étage. On a en effet identifié des cavités dans la paroi du mur circulaire intérieur, ce qui laisse penser que des poutres pouvaient venir s’y déposer. Les murs de cette pièce où l’on goûtait les plaisirs de la table et les bons vins importés devaient très certainement être recouverts de plâtre et peints aux couleurs pompéiennes, les préférées d’Hérode. Tout ce beau décor a malheureusement disparu. Il ne reste rien non plus du plancher originel, mais il y a tout lieu de croire qu’il devait être fait de mosaïques aux formes géométriques. Ce style est présent dans certains appartements d’Hérode à Massada. Il y a donc de bonnes chances pour qu’il se soit retrouvé également ici, dans ce palais proche de Jérusalem où il était plus facile à la classe aristocratique de se rendre pour prendre le repas avec Sa Majesté.

     Les banquettes que l’on voit le long des murs Sud et Ouest (il y en a une aussi à l’Est), ont été ajoutées à l’époque de la Première révolte juive, alors que les rebelles se sont réfugiés ici pour combattre les troupes romaines. Leurs convictions religieuses les ont incité à se doter d’un lieu de culte et de prière conforme à leur tradition. C’est aussi à eux que l’on doit le bassin circulaire situé devant nous, en bas de la photo. Il devait servir de four, peut-être pour faire fondre le métal en vue de fabriquer des armes. On a retrouvé d’autres fours ailleurs sur le site. Leur fonction devait être davantage culinaire.

     Les autres pièces qui entourent le triclinium servaient à des usages domestiques, probablement pour préparer les repas et pour entreposer les denrées. Les rebelles s’en serviront comme dortoir et cache d’armes.

Le complexe des bains

Le complexe des bains

     Fidèle à sa tradition, et grand admirateur du génie romain, Hérode s’est fait un point d’honneur d’équiper ses palais de bains plus somptueux les uns que les autres. Sur l’Hérodium, malgré la rareté de l’eau, ce privilège n’allait pas être déçu.  C’est dans ces structures voûtées que les quatre bains traditionnels ont été construits.  La décoration y était exquise et raffinée.  Les bains ont conservé une partie des planchers de mosaïque originaux.  Une bonne partie a disparu,  mais ce qui reste prouve hors de tout doute que les autres pièces du palais devaient également jouir des mêmes belles décorations.  Vraiment, Hérode pensait à tout pour satisfaire ses visiteurs.  Jardins, salle à manger, bains. 

Robert David

Suite de l'article :
Hérodium, piscine et jardins

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Une maison brûlée par les Romains

 

 

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