chronique du 15 janvier 2016

Hérodium, piscine et jardins 2/2

Reconstitution de la forteresse et ses installations

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Au bas de la colline se trouvent des installations destinées, entre autres, au confort et au loisir. Elles ont été mises au jour durant la dizaine de saisons de fouilles effectuées par E. Netzer et une équipe israélienne de 1970 à 1987.

De cet angle nous sommes en mesure d’avoir une vue d’ensemble de l’Hérodium inférieur et de la forteresse, ainsi qu’une perspective sur le désert de Juda, à quelques centaines de mètres seulement des lieux. Ce qui retient surtout l’attention du regard ici, c’est la grande piscine qui occupe la portion Ouest des jardins à portiques. Si nous traçons une diagonale qui traverse la piscine, et que nous la faisons continuer vers la forteresse, nous croiserons, sur les bords du rectangle des jardins, les restes de l’édifice monumental dont on ignore encore la fonction exacte, mais que certains identifient comme le tombeau d’Hérode [1]. Les deux lignes parallèles qui partent de ces restes, et qui se dirigent vers le cadre gauche de la photo, font partie de l’allée processionnelle qu’a pu emprunter le cortège funèbre d’Hérode (et non un hippodrome comme certains le suggèrent).

Si vous tracez maintenant une diagonale faisant les pointes des jardins vers la forteresse, vous croiserez, en flanc de montagne, une élévation rectangulaire sur laquelle passe le sentier qui conduit au sommet de l’Hérodium. Cette élévation marque l’endroit du grand palais. À gauche (Est) de cette plate-forme se trouve la citerne principale (on ne la voit pas d’ici) qui alimentait en eau la forteresse supérieure, et d’où partait l’escalier intérieur qui menait au sommet. On remplissait cette citerne à la main en transportant l’eau de la piscine à la citerne.

Ce que l’on ne voit pas présentement, parce que la photo a été prise avant, c’est le grand complexe des bains romains qu’Hérode avait fait construire dans le coin Sud-Ouest des jardins (la pointe du côté droit de la photo), le plus grand d’ailleurs de ceux qu’Hérode a fait construire avec tous ses palais. Le complexe, aménagé plus haut que les jardins, comprenait bien entendu les habituels apodytarium, frigidarium, tépidarium et deux caldaria avec hypocaustes, le tout décoré comme Hérode l’aimait bien, avec mosaïques au plancher et panneaux muraux peints de couleurs vives. De ce complexe des bains on pouvait accéder directement au portique Ouest des jardins et, éventuellement, à la piscine.

Les jardins et la piscine

Ceci est vraiment un espace énorme. La plate-forme des jardins fait 110 m par 145 m ! Comme elle devait être horizontale, il a fallu construire un mur de soutènement sur les côtés Est et Sud-Est, murs dont la base atteint parfois 13 m de largeur (à droite sur la photo). De grands halls se trouvaient à l’époque au-dessus et à la base de ce mur Est, dont celui du dessus qui mesurait 110 m de long par 9 m de large. On a ensuite rempli l’enceinte pour qu’elle soit parfaitement horizontale.

Des portiques de 6 m de largeur, un peu plus élevés que le sol des jardins, entouraient ceux-ci sur les côtés Nord, Ouest et Sud formant ainsi une allée piétonnière de plus de 250 m de longueur. La partie Sud-Ouest des jardins, pour sa part, a dû être creusée dans le roc sur une hauteur de 6 m, là encore pour permettre d’obtenir une plate-forme horizontale. On sent cette excavation du rocher en regardant le coin gauche de la photo, où les colonnes des portiques semblent sortir du sol.

La piscine, décentrée par rapport aux jardins, fait 46 m par 70 m par 3 m de profondeur. Sa partie Sud-Ouest, comme les jardins, a été creusée dans le rocher. On pouvait y descendre et en remonter par des escaliers préparés à cet effet. Il y en avait quatre en tout. Cette piscine était alimentée en eau grâce à l’aqueduc construit par Hérode, aqueduc qui emmenait l’eau depuis les vasques de Salomon jusqu’à Jérusalem. Hérode l’avait fait bifurquer dans la région de Bethléhem pour approvisionner l’Hérodium.

La piscine de l’Hérodium

Cette vue détaillée de la piscine nous permet de voir, dans les coins, les escaliers (± 2 m de large) pour y accéder. Celui du Sud-Est se voit au-dessus de la plus petite colonne, celui du Sud-Ouest nous fait face, dans l’ombre. Dans la portion centrale de la piscine se trouvait un pavillon circulaire, dont le diamètre atteint 13,5 m. Plus d’une quinzaine de piliers devaient supporter un toit qui couvrait la structure. Le bassin, quant à lui, était imperméabilisé partout et servait en même temps de réservoir, d’endroit pour prendre le frais, de piscine et, peut-être, de bassin pour y faire flotter de petits bateaux. Cette dernière possibilité n’est qu’une hypothèse, mais le bassin est suffisamment grand pour le permettre.

[1] E. Netzer, qui a fouillé le site pendant plus de 25 ans, annonçait en 2007, qu’il avait trouvé la tombe d’Hérode. L’annonce fit grand bruit à l’époque. Cette interprétation est aujourd’hui contestée par plusieurs archéologues, dont J. Patrich et B. Arubas, qui avancent des arguments convaincants, dont le fait que l’emplacement identifié par Netzer ne cadre pas avec le faste décrit par Flavius Josèphe, ni avec la mégalomanie d’Hérode.

Robert David

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