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chronique du 19 novembre 2010

 

« Vous qui piétinez les malheureux » (Amos 8, 4-7)

Lire Amos 8, 4-7

Amos, campagnard originaire du royaume de Juda, au sud, vient mettre le feu aux poudres à Samarie, au nord, aux environs de 750. Y règne le grand Jéroboam II. Période d'accalmie politique et militaire. Période de prospérité, d'expansion économique et de mégalomanie. Samarie se couvre de demeures cossues.

Le prophète Amos

     Mais un profond déséquilibre s'installe : les « classes sociales » apparaissent, ce dont témoignent d'ailleurs les fouilles archéologiques à Tirça, l'ancienne capitale. Au niveau du Xe siècle, lors de la fondation du dit royaume du Nord, les maisons familiales ont toutes les mêmes dimensions et le même aménagement. Au VIIe siècle, le quartier des maisons riches et spacieuses est séparé de celui où s'entassent les masures des défavorisés.

     Avec l'expansion monarchique sont apparus le fonctionnariat, le système de la finance, et la hausse du standard de vie des privilégiés au détriment des autres. Les riches commerçants de Samarie faussent les balances et s'organisent pour faire de l'argent même avec les résidus de céréales. Les petits paysans s'endettent et se trouvent étouffés entre les griffes de leurs créanciers. Amos stigmatise une situation sociale réelle, dans le cadre d'une contestation systématique du style de vie en Israël, le royaume du Nord. Il fulmine contre l'escroquerie comme telle, doublée d'hypocrisie religieuse. Le parallèle avec notre monde est frappant : on a un peu l'impression, sous la plume d'Amos, de lire l'éditorial d'un de nos journaux.

Situation religieuse

     Le royaume du Nord a connu plus d'une période d'idolâtrie débridée et de dangereux syncrétisme religieux. Pourtant, au temps où Amos intervient, la foi yahviste est officiellement rétablie depuis près d'un siècle, sous l'impulsion de Jéhu tout spécialement. On le voit dans notre texte, les riches marchands observent le repos prescrit tous les mois, à la fête de la nouvelle lune, et toutes les semaines, le septième jour. Mais le cœur n'y est pas. Les fêtes chômées ne représentent qu'une trêve de 24 heures dans leurs opérations d'extorsion. Amos ne s'y laisse pas prendre : Baal est officiellement disparu de la carte religieuse, mais c'est l'Argent, l'idole Mammon, qui l'a remplacé.

Marc Girard

Chronique précédente :
Yahvé ou Baal? Le cas d’Élie