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Le livre de Ruth (5/8)
 

La demande en mariage

Le troisième tableau s’ouvre par le projet de Noémi d’offrir Ruth en mariage à Booz, car il est non seulement un proche parent qui a droit de rachat mais aussi un homme de bien : Noémi, sa belle-mère, dit à Ruth : Ma fille, ne devrais-je pas chercher à t’établir pour que tu sois heureuse ? Et maintenant, Booz n’est-il pas notre parent, lui dont tu as suivi les servantes ? Voici que, cette nuit, il vanne lui-même l’orge sur l’air » (3,1-2).

     On devine que l’intention de Noémi est de s’assurer une descendance. Il y a dans la démarche de Noémi une lointaine ressemblance avec l’ancêtre Sara qui avait donné sa servante Hagar à Abraham pour qu’il puisse obtenir d’elle la descendance que le Seigneur lui avait promise. Noémi prépare alors Ruth à aller rejoindre Booz qui, durant le temps des récoltes, dort sur son lieu de travail, l’aire à vanner le grain.

Va te baigner, te parfumer et mettre ton manteau. Tu descendras sur l’aire. Ne te fais pas reconnaître de l’homme avant qu’il ait fini de manger et de boire. Quand il sera couché, tu sauras où il se couche. Alors, va, découvre-lui les pieds, et là, tu te coucheras. Lui t’indiquera ce que tu devras faire.» Et Ruth lui répondit : «Tout ce que tu me dis, je le ferai (3, 3-5).

     Le comportement de Ruth nous fait découvrir des coutumes anciennes. Le contact avec les pieds est un signe de la condition de service. Il suffit de nous rappeler le geste du lavement des pieds que Jésus accomplit durant la dernière cène et qui heurte tant l’apôtre Pierre. Jésus en fait le signe du don de sa vie par amour, car il est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. En se couchant aux pieds de Booz, Ruth témoigne de sa condition de servante. C’est d’ailleurs de cette façon qu’elle s’identifiera à la question de Booz à celle dont il a senti la présence : Il lui dit : «Qui es-tu ? – C’est moi, Ruth ta servante (3, 9). Le contact avec les pieds est aussi un signe de l’amour où le corps se livre.  Ce contact prépare la demande en mariage : Étends sur ta servante le pan de ton manteau, car c’est toi qui as droit de rachat» (3, 9).

Du premier couple à celui de Booz et Ruth

     La scène du dialogue entre Booz et Ruth me fait penser au récit yahviste de création où le Seigneur Dieu décide de donner à Adam une compagne de vie (Genèse 1, 18-25). Tout d’abord la nécessité pour Noémi de trouver un mari à Ruth, qui saura la rendre heureuse, n’est pas sans rappeler la constatation par YHWH qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il y a aussi une comparaison intéressante entre la nuit où se passe la rencontre de Ruth et de Booz et le sommeil profond dans lequel le Seigneur plonge Adam pour se réserver à lui seul l’initiative de la création de la femme. De la même façon qu’Adam se réjouit en accueillant sa compagne comme un don de Dieu et sa plus proche parente, «l’os de ses os et la chair de sa chair», ainsi Booz reconnaît que c’est Dieu qui guide la démarche de Ruth, cette femme parfaite, tant elle agit avec piété et respect. Devant tant de prévenance divine, Booz ne peut que consentir à la demande de Ruth, mais il devra se soumettre à la préséance d’un autre parent qui a le droit d’exercer le rachat.

Alors, il dit : « Sois bénie du Seigneur, ma fille ! Ce geste d’attachement est encore plus beau que le premier : tu n’as pas recherché les jeunes gens, pauvres ou riches. Et maintenant, ma fille, n’aie pas peur ; tout ce que tu diras, je le ferai pour toi, car tout le monde ici sait que tu es une femme parfaite. C’est vrai que j’ai droit de rachat, mais il existe un plus proche parent que moi qui a droit de rachat. Passe donc la nuit ici, et demain matin, s’il veut te racheter, eh bien ! qu’il te rachète ! Mais s’il ne le veut pas, c’est moi qui te rachèterai, aussi vrai que le Seigneur est vivant ! Reste couchée jusqu’au matin ! » (3, 10-13)

     La quantité abondante de grain (40 litres) que Booz remet à Ruth exprime sa générosité mais annonce surtout à Noémi la bénédiction que Dieu accordera et l’abondance de vie et de bonheur qui découlera de l’exercice de son droit de rachat.


Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2204. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre de Ruth - Ruth, l'étrangère

 

 

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