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Le livre des Lamentations (1/4)
 

Présentation du livre

Pourquoi nous oublierais-tu continuellement, nous abandonnerais-tu à longueur de jours? (Lm 5,20)

    Quand il nous arrive un malheur, le réflexe premier est d'en trouver le sens, d'en chercher la cause: « Pourquoi cela m'arrive-t-il? Qu'ai-je fait de mal pour que je sois, aujourd'hui, affligé d'un tel sort? » Ce réflexe est vieux comme le monde. Et on se retourne souvent vers le ciel pour tenter d'expliquer l'inexplicable. La Bible n'échappe pas à ce réflexe comme en témoigne un petit livre de l'Ancien Testament : le livre des Lamentations. Il porte bien son nom, celui que lui donnent la Bible grecque (Septante) et le Talmud(1), car il s'agit bien de ce genre littéraire de la lamentation, qui s'apparente au gémissement funèbre.

C'est là-dessus que je pleure :
mes deux yeux se liquéfient;
car loin de moi est le consolateur,
celui qui me ranimerait.
Mes fils, les voilà ruinés,
car l'ennemi a été le plus fort (Lm 1,16).

Une œuvre poétique

    Le livre des Lamentations est en effet une œuvre poétique, constituée de cinq chapitres qui forment autant de poèmes. Les quatre premiers sont « alphabétiques », c'est-à-dire que chaque strophe commence par une des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu, les déclinant ainsi dans l'ordre d'Aleph à Taw ou, comme on le dirait en français, de A à Z. Cette technique d'écriture, en plus de favoriser peut-être la mémorisation du poème, lui confère un caractère de totalité, de finitude. Ici, on comprendra que la dévastation de Jérusalem et de sa nation, visée par ces poèmes, ne peut être plus complète. Malgré le caractère tragique des évènements décrits, cette œuvre émeut pourtant par sa force d'expression, par la puissance de ses images.

    Les premier, deuxième et quatrième poèmes, un peu à la manière des complaintes funèbres, chantent la ruine de Jérusalem. Au premier poème, on y entend même parler la Ville sainte à la première personne, Jérusalem personnifiée, qui y prend les traits d’une femme :

Rien de tel pour vous tous qui passez sur le chemin;
regardez et voyez s'il est douleur comme ma douleur,
celle qui me fait si mal,
celle que le SEIGNEUR inflige
au jour de son ardente colère (Lm 1,12).

    Le troisième poème semble plutôt la lamentation individuelle d’un homme, cette fois, mais qui peut très bien représenter, ici, plus que lui-même, qui peut très bien symboliser l’ensemble du peuple atteint par le drame et repentant :

Je suis l'homme qui voit l'humiliation
sous son bâton déchaîné (Lm 3,1).

    Quant au cinquième poème, la complainte devient prière. Le poète invite le Seigneur à regarder la misère de son peuple et à le prendre en pitié :

Souviens-toi, SEIGNEUR, de ce qui nous arrive: regarde et vois comme on nous insulte (Lm 5,1).

Lamentations sur quoi?

    Sur l'une des plus cruelles pages de l'histoire du peuple d'Israël, soit la catastrophe qu'ont représenté pour lui les évènements historiques de la prise de Jérusalem par l'armée de Nabuchodonosor, roi de Babylone, en 587 av J.-C.

Ils ne le croyaient pas, ni les rois de la terre,
Ni aucun habitant du monde,
que l'adversaire et l'ennemi entreraient
dans l'enceinte de Jérusalem (Lm 4,12).

Sur la destruction de la ville et de son Temple, que l'on croyait inviolable…

Oui, dans son sanctuaire
elle voit entrer des nations
auxquelles tu as commandé
de ne pas entrer dans l'assemblée qui est à toi (Lm 1,10) et la déportation, en Babylonie, d'une partie de la population juive.

Sous l'humiliation, sous le poids de l'esclavage,
Judée va en déportation; elle,
elle habite parmi les nations,
elle ne trouve pas à s'établir (Lm 1,3).

    En plus de marquer, pour Israël, la fin de Juda comme royaume indépendant, il résulta de cette invasion, pour les Juifs demeurés à Jérusalem, une période de chaos et de grande pauvreté.

De soif, la langue du nourrisson
colle à son palais;
les bambins réclament du pain;
personne ne leur en présente (Lm 4,4).

    Et la souffrance ressentie est d'autant plus amère et humiliante lorsqu'elle succède à une période plus glorieuse pour Jérusalem et ses institutions qui étaient l'objet d'admiration de la part des autres nations et de fierté de la part des Juifs.

Ils applaudissent à tes dépens,
tous les passants du chemin;
ils sifflent et hochent la tête
aux dépens de la Belle Jérusalem:
Est-ce la Ville qu'on devrait dire beauté parfaite,
réjouissance pour toute la terre? (Lm 2,15)

________________

(1) La Bible hébraïque, quant à elle, donne à ce livre - comme elle le fait souvent - le nom du premier mot de l'œuvre, un mot hébreu ('Eikah), une particule exclamative qu'on pourrait traduire par « comment! », « Quoi! ».

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2214. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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