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Le livre des Lamentations (2/4)
 

Quel auteur et quel message ?

Qui se lamente?

Les Lamentations sont donc celles d'un témoin1 de ces malheurs, resté à Jérusalem, qui constate le désastre et se désole sur le sort de cette ville avec tout son talent poétique. S'agirait-il du prophète Jérémie ? On l'a longtemps cru. La Tradition, en effet, a longtemps attribué ce petit livre au prophète Jérémie. D'ailleurs, certaines bibles intitulent parfois encore ce livre « Lamentations de Jérémie », car la Septante et la Vulgate2 ajoutent au livre le verset introductif suivant :

« Il arriva, après la réduction d'Israël en captivité et de Jérusalem en désert, que le prophète Jérémie s'assit pleurant; il proféra cette lamentation sur Jérusalem et dit... »

    Aujourd'hui, les exégètes tendent à refuser l'attribution de cette œuvre à Jérémie en raison de certaines contradictions entre le message du prophète et certains versets du livre des Lamentations. Comment, en effet, Jérémie aurait-il pu écrire le verset suivant :

Les portes de Sion s'enfoncent dans la terre...
il n'y a plus de Loi;
même ses prophètes ne trouvent pas de vision
venant du SEIGNEUR (Lm 2,9).

    Comment aurait-il pu attribuer les catastrophes actuellement subies par le peuple à la faute des prophètes, lui qui n'a cessé de conseiller le roi, lors de l'imminence de l'invasion babylonienne ?

C'est à cause des fautes de ses prophètes,
des perversités de ses prêtres,
qui ont répandu au milieu d'elle
le sang des justes! (Lm 4,13).

    Le verset 4,20 semble aussi trop élogieux à l'égard du roi Sédécias pour que Jérémie, très critique à son endroit, l'ait lui-même écrit 3:

Le souffle de nos narines, le messie du SEIGNEUR,
est captif dans leurs oubliettes,
lui dont nous disions : « Sous sa protection,
au milieu des nations, nous vivrons.» (Lm 4,20).

    Quant à ces versets, exprimant le désir déçu d’aide de la part de nations voisines :

Nous, nos yeux se consument
encore dans l'attente d'une aide illusoire;
à nos postes de guet nous guettons la venue d'une nation
qui ne peut pas sauver (Lm 4,17);

à l'Égypte nous tendons la main,
à l'Assyrie, pour nous rassasier de pain (Lm 5,6),

ils semblent en contradiction avec la politique étrangère que Jérémie défendait, lui qui s'opposait à ce que le roi s'allie avec les Égyptiens ou les Assyriens pour tenter de freiner l'extension de Babylone 4.

    Quoi qu'il en soit, le contexte historique qui a vu naître l'œuvre est le même que celui au cours duquel Jérémie a prophétisé : la cassure qu’a provoquée l'invasion babylonienne et ses retombées dramatiques.

Le message des Lamentations

    Au-delà du gémissement sur une page sombre de l’histoire d’Israël, les Lamentations offrent une réflexion sur le sens du péché et sur la valeur réparatrice, éducatrice de la semonce de Dieu. Il n'est pas rare, en effet, pour l'Ancien Testament, de comprendre les malheurs d'Israël comme une punition résultant de l'infidélité du peuple à l'Alliance; aussi, cette doctrine de la rétribution se reflète-t-elle dans chacune des Lamentations. Dans chacun des poèmes, l'auteur reconnaît que le peuple a péché et accepte, avec douleur mais sans révolte, l'épreuve comme sa conséquence, y voyant une juste punition de Dieu emmenant au repentir sincère.

Il est juste le SEIGNEUR,
puisque j'avais désobéi à son ordre (Lm 1,18).

    Pour l’homme de la Bible, Dieu est la cause directe de toute chose. Le véritable assaillant d’Israël dans l’épreuve qui l’afflige n’est donc pas Babylone, mais le Seigneur lui-même qui déploie sa colère contre son peuple. C’est bien ce que nous dit le second poème y allant même de formules audacieuses :

Le Seigneur se comporte comme un ennemi;
il engloutit Israël;
il engloutit tous ses donjons;
il ruine ses fortifications.
Il multiplie pour la Belle Judée
plainte et complainte (Lm 2,5).

    Mais cette complainte et cette reconnaissance du péché seraient vaines si elle n’aboutissait pas à cette ultime étape : la conversion et l’espérance. Cette espérance, on la voit poindre, ici et là, en plusieurs lieux des Lamentations. Et ce sursaut d’espérance s’appuie sur Dieu dont la bonté est inépuisable, qui ne peut rejeter pour toujours son peuple repentant.

Fais-nous revenir vers toi,
SEIGNEUR, et nous reviendrons;
renouvelle nos jours comme
dans l'ancien temps (Lm 5,21).

Les bontés du SEIGNEUR! C'est qu'elles ne sont pas finies!
C'est que ses tendresses ne sont pas achevées!
Elles sont neuves tous les matins.
Grande est ta fidélité!
Ma part, c'est le SEIGNEUR, me dis-je;
c'est pourquoi j'espérerai en lui. (Lm 3,22-24).

____________________

1 Ou de plusieurs témoins, selon qu'on attribue le livre à un ou plusieurs auteurs.
2 La Septante est une très ancienne traduction grecque de la Bible hébraïque et la Vulgate, une traduction latine, ancienne, mais un peu plus récente.
3 Comparez à Jr 24,8.
4 Voir Jr 37,5-7 et Jr 2,18.

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2215. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre des Lamentations - Présentation du livre

 

 

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