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Le livre des Lamentations (4/4)
 

L'actualité du livre des Lamentations

Pour nous aujourd’hui, qu’est-ce que ce livre des Lamentations peut bien nous apporter, pour notre foi ? Pour notre vie chrétienne ? Pour notre spiritualité ? D’abord, disons qu’il n’est jamais inutile de découvrir toujours plus la Bible, même et surtout l’Ancien Testament qui nous est, en général, moins familier. Le Nouveau Testament plonge ses racines dans l’univers religieux, historique, politique et culturel de l’Ancien Testament. Mieux connaître ce dernier, c’est mieux comprendre le Nouveau Testament, mieux connaître Jésus et mieux saisir la nouveauté chrétienne. Ne serait-ce que pour cette raison, il vaut la peine d’aller lire ce petit rouleau de la Bible hébraïque.

    Une autre raison pourrait en être une d'ordre « esthétique ». Même pour le non croyant, cette œuvre poétique, même traduite, émeut et séduit par sa beauté.

    Pour ce qui est du message théologique que charrie le livre des Lamentations, il nous faut le situer dans l’histoire de la révélation. Dieu s’est révélé progressivement au fil des siècles que couvre la révélation biblique. Chaque livre biblique de l’Ancien Testament est, en somme, une radiographie de la théologie d’Israël à une période donnée de son histoire (dans le livre qui nous intéresse, Lm est écrit plus de cinq siècles avant Jésus Christ). Ainsi pouvait-on croire à l’époque des prophètes et de l’exil à Babylone que les malheurs et les épreuves du peuple d’Israël étaient envoyés par Dieu en guise de punition pour son infidélité, pour susciter sa conversion, son retour à lui. Est-ce que cette image de Dieu tient la route, alors que Jésus dans les évangiles semble déboulonner cette croyance en la rétribution temporelle (voir Lc 13,1-5 ou Jn 9,2-3), nous présentant Dieu comme un Père miséricordieux? Il nous faudra donc lire les Lamentations avec cela en tête, mettre en perspective le message du livre avec ce que nous connaissons aujourd'hui de Dieu, depuis l'avènement du Christ et de l'Église.

    Quoi qu’il en soit, aujourd’hui pour les chrétiens qui lisent et prient ce livre, il ne s’agit plus tant de se désoler sur une page sombre de l’histoire d’Israël, mais peut-être de ressentir ces complaintes comme étant celles du monde d'aujourd'hui et de toute époque, celles d'une humanité souffrante encore sous l'emprise de différents maux qui la blessent, l'emprisonnent et l'avilissent. À l'aide des mots des Lamentations, faire nôtres ses appels à Dieu et ses espérances en ses bontés jamais épuisées, appelant nous-mêmes, avec plus d'insistance, la venue du Règne de Dieu.

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2217. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Comment vas-tu, Jérusalem ?

    Devant la menace imminente du siège de Jérusalem par les armées babyloniennes en 598 A.C., le prophète Jérémie lance ce cri du cœur qui est aussi le nôtre :

    Qui donc a compassion de toi, Jérusalem?
    Qui donc te plaint ?
    Qui donc fait un détour pour demander comment tu vas ?
(Jérémie 15, 5)
    - Jérusalem !
    Même si nous sommes loin de toi par la géographie, nous sommes toutefois proches par le cœur et par les racines de notre foi. Que Jérémie ne se sente pas seul ! En écho à sa plainte, nous te le demandons : comment vas-tu ?
    - Mal, très mal !
     Mon cœur se tord en moi, en voyant tous ceux qui versent le sang comme de l'eau alentour de moi. Cela n'est pas nouveau, mais je ne peux m'y habituer. Depuis le jour où David s'est emparé de la petite bourgade que j'étais occupée par les Jébuséens, tous les empires se sont succédé pour me posséder. J'en ai vu des armées m'assiéger, à l'occasion raser mes vieux murs au sol et me reconstruire à leur goût : Babyloniens, Grecs, Romains, Byzantins, Mamelouks d'Égypte, Européens, Arabes, Turcs. Il y a eu aussi le Protectorat anglais. Aujourd'hui je suis devenue un enjeu pour les Israéliens et les Palestiniens. On veut me posséder, mais je me demande si on est possédé par mon esprit.
    - Que veux-tu dire, Jérusalem ?
     Mon esprit est dans mon nom, qui signifie : « Ville-de-la-paix ». Le prophète Isaïe avait même entrevu qu'un jour, après un temps de purification, on m'appellerait d'un nom nouveau : « Ville-de-Justice », « Cité-fidèle ». J'avoue qu'à cette époque-là je ne donnais pas cher de la fidélité de mes habitants à pratiquer la justice exigée par l'alliance qui les liait au Seigneur.
    - Qu'est-ce qui te rendrait heureuse ?
     Que les hommes aient un profond respect de ma vocation ! Mon bonheur, c'est de voir des hommes de toutes langues, de toutes cultures, de toutes religions monter vers moi. C'est de les voir franchir mes portes : la porte de Damas tournée vers l'est ; celle de Jaffa, vers l'ouest. J'ai le sentiment d'être pleinement moi-même lorsque tous circulent dans mes rues et mes ruelles et que, dans un esprit de fraternité universelle, ils découvrent la joie d'appartenir au peuple des chercheurs de Dieu même si leurs chemins sont parfois différents. C'est alors qu'en se laissant imprégner de mon esprit les hommes se découvriront enfants d'un même Dieu. Que je voudrais que l'espérance d'Isaïe se réalise !

Debout ! Resplendis ! car voici ta lumière,
Et sur toi se lève la gloire du Seigneur.
Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre
Et l'obscurité sur les peuples, à
Sur toi se lève le Seigneur,
Et sa gloire sur toi paraît.
Les nations marcheront à ta lumière
Et les rois à ta clarté naissante.

(Isaïe 60, 1-30)

 

Yves Guillemette, bibliste

 

Chronique précédente :
Le livre des Lamentations - L'usage liturgique du livre des Lamentations

 

 

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