chronique du 18 avril 2014

Pâques

Hébreu : pessa'h
Grec : páskha

Connaissez-vous la différence entre « Pâque » et « Pâques »? Au singulier, ce mot parle de la fête juive, alors qu’au pluriel, il désigne la fête chrétienne.

Pâque

La pâque juive commémore la sortie d’Égypte. Une lecture attentive de la Bible montre que l’origine de cette fête est fort complexe. Pâque et la fête des azymes (pain sans levain) étaient deux fêtes distinctes célébrées au printemps. Elles avaient toutes deux rapport avec la sortie d’Égypte.

Le rituel de la pâque aurait été, au départ, une célébration de pasteurs nomades qui sacrifiaient une bête au printemps pour demander la fécondité et la protection sur leur troupeau. Le printemps était le moment de l’année qui présentait le plus de danger pour les troupeaux puisqu’il y avait la naissance de plusieurs petits et la mise en route pour les pâturages d’été. Ce rituel aurait pris un nouveau sens lors de la sortie d’Égypte quand une bête avait été sacrifiée pour marquer de son sang les maisons des Israélites pour qu’ils soient épargnés de la dernière des dix plaies d’Égypte.

De son côté, la fête des azymes était une fête agricole où l’on commémorait la sortie d’Égypte avec du pain sans levain rappelant que la fuite n’avait pas donné le temps au pain de lever lors de sa cuisson.

Ces deux fêtes étaient d’abord célébrées en famille dans les maisons. Puis avec la concentration des activités au Temple, elles ont été fusionnées et sont devenues une fête de pèlerinage. Les juifs étaient alors invités à aller célébrer la pâque à Jérusalem pour offrir un sacrifice et prendre un repas. La pâque était alors la première journée des sept jours de la fête des azymes. La date de la pâque était fixée à la première pleine lune du printemps [1]. Depuis la destruction du Temple, en 70, la pâque se vit en famille autour d’un repas appelé seder.

Pâques

Le récit de la fin de la vie de Jésus est intimement lié à la fête de la pâque. Comme il est prescrit, Jésus et ses disciples font un pèlerinage à Jérusalem pour la pâque. Jésus partage un repas avec ses disciples. S’agit-il d’un repas pascal? Les Évangiles de Marc, Matthieu et Luc s’accordent pour dire que le dernier repas de Jésus et ses disciples étaient en effet un repas pascal. Par contre, l’évangile de Jean affirme que la pâque commençait le samedi, et que Jésus est mort au moment où l’on égorge les agneaux qui seront mangés plus tard, lors du repas pascal. Les traditions des Évangiles synoptiques ainsi que celle de Jean montrent l’importance de l’atmosphère de la fête juive de la pâque pour comprendre ce dernier repas et la crucifixion de Jésus.

Pour approfondir les derniers moments de Jésus et redécouvrir la richesse des symboles de la pâque juive, plusieurs groupes de chrétiens vivent le repas pascal juif du seder. Je l’ai même célébré chez moi en invitant mes amis étudiants en théologie. On a pris le temps de lire des passages bibliques, de boire les coupes de vin et de goûter aux divers aliments. Ce fut un moment très signifiant même si j’étais plus préoccupé par la cuisson de mon premier gigot d’agneau que par l’aspect spirituel de la rencontre.

[1] La nuit entre le 14 et le 15 du mois d’Abib (calendrier hébreu) ou de Nisan (calendrier babylonien). Ces deux calendriers étaient basés sur les mouvements de la lune.

Cet article est extrait de Lexique sympathique de la Bible, Montréal, Novalis, 2013, 280 p.

Sébastien Doane

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