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Symbole biblique
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chronique du 26 septembre 2014

 

L’esclavage, un symbole positif?

Asservissement de prisonniers nubiens

Asservissement de prisonniers nubiens. Temple d’Abou Simbel, Égypte


L’esclavage n’est pas socialement accepté dans nos cultures occidentales. Par contre, dans le monde de la Bible, l’asservissement était une pratique courante. Le serviteur ou l’esclave appartenait à son maître. Ce dernier avait le droit de vie ou de mort sur lui.

     D’un point de vue linguistique, l’hébreu n’a pas de mot pour distinguer le serviteur de l’esclave. Le mot èbèd exprime une relation de dépendance sans plus de précision. On utilise ce même terme pour toutes les relations de dépendance : un roi, vassal d’un roi qui l’a conquis (2 Samuel 10,19), un ministre ou un fonctionnaire par rapport au roi (2 Rois 22,12), un ouvrier envers son employeur (2 Samuel 2,12) et un domestique ou un esclave envers son maître (Deutéronome 15,17). Le mot « esclave » au féminin est utilisé pour parler d’une servante, mais aussi pour désigner une épouse secondaire (Genèse 20,17).

Comment devenir esclave?

     Aux temps bibliques, les personnes devenaient souvent esclaves lors des guerres. Les prisonniers qui n’étaient pas exécutés finissaient leur vie comme esclaves. Les femmes et les enfants conquis étaient alors attachés au service d’une maison, et les femmes pouvaient devenir des concubines du chef familial. Les personnes devenues esclaves après une guerre pouvaient devenir des objets d’échange (Ézéchiel 27,13).

     En principe, il était interdit aux Israélites de réduire un compatriote à l’esclavage (Lévitique 25,46), mais lorsque quelqu’un ne pouvait payer ses dettes, il pouvait être contraint d’exécuter des corvées pour son créditeur. En pratique, il devenait donc l’équivalent d’un esclave.  

L’esclavage, un symbole positif?

     Curieusement, la symbolique de l’esclave/serviteur portait parfois une connotation positive. Les Israélites, eux-mêmes libérés des Égyptiens, se disaient serviteurs/esclaves de Dieu (Lévitique 25,55). Ils appartenaient à Dieu, leur maître. Plusieurs prophètes et personnages bibliques se présentaient comme des serviteurs/esclaves de Dieu. Cette expression les opposait aux serviteurs d’autres divinités comme Baal et semblait démontrer une proximité de Dieu plus grande que celle des simples croyants.

     Le Nouveau Testament met en scène plusieurs paraboles où l’on retrouve des esclaves. Il met en garde contre diverses formes d’esclavages : être asservi par le péché (Romains 6,6), par les éléments du monde [1](Galates 4,3) ou par l’argent (Luc 16,13). Par contre, d’autres passages affirment qu’il faut être asservi à la justice (Romains 6,18), être au service de son conjoint(e), l’un par rapport à l’autre (katadoulô : 1 Corinthiens 7,15). Paul affirmera qu’il est l’esclave de Jésus Christ lorsqu’il se présentera au début de la lettre aux Romains (1,1). De même pour Marie qui se présente comme l’esclave du Seigneur dans le Magnificat (Lc 1,48). Enfin, on parle de l’humilité du Fils de Dieu qui « en prenant la condition d’esclave » (Philipiens 2,7) nous a libérés du péché.

     Aujourd’hui, l’esclavage a pris de nouveaux visages, mais il reste bel et bien présent dans notre monde. On peut penser aux Haïtiens qui récoltent la canne à sucre en République dominicaine dans des conditions inhumaines. La Ligue antiesclavagiste y dénonce une forme moderne d’esclavage. Pour de nombreux travailleurs illégaux, dans plusieurs pays, il n’y a pas de contrat et ils sont menacés d’expulsion à tout moment. On peut aussi penser aux réseaux internationaux de trafic humain où des personnes cessent de vivre librement pour devenir des esclaves sexuels. Devant de telles situations, les chrétiens ont le devoir de s’engager pour lutter contre ces diverses formes d’esclavage moderne.

« Il n’y a ni esclave ni homme libre […] car tous vous n’êtes qu’un en Jésus Christ. » (Galates 3,28)

[1] Cette expression énigmatique de Paul semble désigner les puissances à l’œuvre dans le monde. Il exhorte les chrétiens de ne pas se laisser asservir par les croyances aux forces cosmiques.

Cet article est extrait de Lexique sympathique de la Bible, Montréal, Novalis, 2013, 280 p.

Sébastien Doane

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La remise d’une dette et la guérison : symboles du pardon