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La lampe de ma vie
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chronique du 18 mars 2011

 

Jésus, prêtre de la Nouvelle Alliance

Jésus a-t-il institué les prêtres? Se considérait-il comme un prêtre de la tradition juive? Cette exploration biblique fournit des repères.

     D’entrée de jeu, un constat s’impose : Jésus ne s’est jamais attribué le titre de prêtre. Le seul écrit du Nouveau Testament à le faire est la Lettre aux Hébreux [1]. Les communautés chrétiennes naissantes ne donnent pas non plus le nom de prêtre (hiereus, en grec) à une personne qui exerce un ministère ou un service. Les communautés chrétiennes issues du judaïsme continuent d’utiliser le titre traditionnel « ancien » (zaqen, « vieux, âgé » en hébreu) pour désigner leur responsable. Le terme sera traduit par son équivalent grec presbyteros. Dans les communautés d’origine grecque, les ministres sont plutôt désignés par les termes « épiscopes » et « diacres ». Les premiers auteurs chrétiens (Ignace d’Antioche, Clément de Rome, Hippolyte, Tertullien, Ier-IIIe siècles) appliqueront le vocabulaire sacerdotal traditionnel [2] aux ministres de l’Église naissante mentionnés dans le Nouveau Testament. Le terme presbyteros (presbytre) passera ainsi dans le latin chrétien et sera traduit par « prêtre ».

Le sacerdoce des prêtres israélites

grand prêtre

Grand Prêtre d'après une gravure de la fin du XVIIIe siècle
Bosserodon d'après une illusration de LaLaisse.

     Dans l’Ancien Testament, le prêtre est membre de la tribu de Lévi. Il accomplit deux fonctions sacerdotales fondamentales. Au service du culte, il préside aux actions liturgiques et offre les sacrifices. Il agit comme médiateur en présentant à Dieu les offrandes des fidèles et en transmettant les bénédictions divines sur le peuple. Au service de la Parole, il assure la tradition des grands événements du passé et interprète les préceptes de la Loi (la Torah). Il est l’homme de la connaissance et de l’interprétation de la volonté de Dieu, pour maintenir le peuple dans la fidélité à l’alliance.

Le sacerdoce de Jésus

     Le christianisme naissant ne fait pas que reprendre la terminologie sacerdotale de l’Ancien Testament. Il actualise la signification du sacerdoce d’après la vie de Jésus, qui a d’ailleurs agi selon les deux fonctions sacerdotales. Ses paroles sur la coupe, lors de la Cène, laissent entendre qu’il perçoit sa mort comme un sacrifice (Mt 26,28). Jésus évoque le sacrifice qui scelle l’alliance au pied du mont Sinaï après l’exode d’Égypte (Ex 24,4-8) : Ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu… Puis, Jésus réfère au sacrifice expiatoire du Serviteur souffrant du livre du prophète Isaïe (53,12) : pour une multitude en rémission des péchés. Les disciples privilégient cette deuxième interprétation : ils considèrent la mort de Jésus comme celle d’une victime innocente de la malice humaine opposée au projet de Dieu.

     Ensuite, Jésus ayant affirmé qu’il est venu accomplir la Loi et les prophètes, il ne fait pas de doute qu’il accomplit aussi le service de la Parole, déployant ainsi la révélation de Dieu dans sa totalité.

     L’absence de vocabulaire sacerdotal dans le Nouveau Testament (sauf la Lettre aux Hébreux) s’explique donc par le fait que Jésus ait été considéré comme une victime offerte en sacrifice, tel l’agneau pascal. Il se peut aussi que l’on n’ait pas voulu associer Jésus au sacerdoce lévitique ni le confondre avec les prêtres des cultes païens dans les sociétés où se sont développées les communautés chrétiennes.

     La Lettre aux Hébreux (3,1-10,18) a apporté une contribution importante à l’interprétation théologique de la mort sacrificielle du Christ à partir du sacerdoce et du système cultuel israélites de l’Ancien Testament. Jésus n’est plus seulement vu comme la victime du sacrifice, mais aussi comme le Grand Prêtre qui offre sa propre vie, une fois pour toutes, pour le salut du monde. Il est en mesure d’être l’unique médiateur entre Dieu et les humains, car il est à la fois vrai homme en partageant notre pauvreté et vrai Fils de Dieu, entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel.

Le ministère sacerdotal chrétien

     Jésus n’attribue pas explicitement le sacerdoce aux personnes qui le suivent. Il les appelle toutefois à prendre part à la double fonction sacerdotale de l’offrande du sacrifice et du service de la Parole. Il les invite à se détacher d’eux-mêmes et à prendre leur croix. Aux frères Jacques et Jean qui nourrissent certaines ambitions, Jésus demande s’ils peuvent boire à la coupe du sacrifice. Le service de la Parole fait partie de la mission apostolique d’annoncer l’Évangile parmi toutes les nations. Les lettres du Nouveau Testament encouragent les chrétiens à faire de leur existence une offrande spirituelle, à vivre dans la fidélité à la Parole, à exercer le service de la charité.

     C’est toute la vie chrétienne que les apôtres considèrent comme un sacerdoce. Ils accordent aux responsables des communautés des fonctions qui actualisent celles que le Christ leur a confiées. Paul dira de ces responsables qu’ils sont les ministres de l’alliance nouvelle (2 Co 3,6) ou les intendants des mystères de Dieu (1 Co 4,1). Leur fonction est de rassembler la communauté, de servir le peuple de Dieu et de mettre tous ses membres en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ (Ép 4,12). Voilà quelques assises aux origines de la conception chrétienne des ministères.

[1] Pour un aperçu de cette exception dans le Nouveau Testament, voir les notes d’introduction à la Lettre aux Hébreux dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) et le chapitre 7 de la lettre, particulièrement.

[2] Le vocabulaire sacerdotal traditionnel réfère au culte de l’Ancien Testament, dans lequel le Grand Prêtre était chargé d’offrir les sacrifices et d’enseigner la Torah. Il était secondé, dans la hiérarchie, par les prêtres de la tribu d’Aaron. Les lévites (de la tribu de Lévi) assuraient des rôles mineurs liés au culte.

Source : Haute Fidélité 128/1 (2011) 9-10.

Yves Guillemette

Lire aussi :
Prêtre

Chronique précédente :
Distinguer le vrai du faux prophète

 

 

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