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La lampe de ma vie
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chronique du 21 juin 2013

 

Lecture croyante ou lecture critique de la Bible?
2. L’apport de la pensée critique à la lecture de la Bible

ruines de Jéricho

Le déluge raconté par les scribes babyloniens
Tablette du déluge, Épopée de Gilgamesh
Ninive, période néo-assyrienne, VIIe siècle avant notre ère
© Trustees of the British Museum

Début de la série : 1. Science et foi : un rapport difficile

     Comme croyant et homme de ce temps, je dis d’abord un immense merci à la pensée critique ou scientifique. Grâce à elle, nous sommes sortis d’une lecture naïve de la Bible. Prenons un exemple. Les onze premiers chapitres de la Genèse partent de la création du monde (Gn 1 et 2), et de l’origine de l’humanité. Après quoi vient le récit de la chute (Gn 3) suivi de l’histoire du premier crime (Caïn et Abel) et de la croissance de la violence dans ce premier monde qui prend fin avec le Déluge et la refondation de l’humanité avec l’histoire de Noé (le Déluge) et la dispersion de tous les hommes après l’échec de la construction de la tour de Babel. Comment aborder de tels récits? La critique littéraire oblige d’en voir les incohérences apparentes, les doublets pas toujours d’accord entre eux et des récits impossibles à comprendre ou à prendre au sérieux, dans la perspective des découvertes scientifiques de ces deux derniers siècles.

     Par ailleurs, les études archéologiques des civilisations du Moyen-Orient ont mis à jour des récits très proches de ceux que l’on trouve dans la Bible. Les grands récits bibliques sont fortement apparentés aux grands mythes d’origine des civilisations environnantes. Il faut se rendre à l’évidence. Les premiers chapitres de la Genèse ne sont pas des récits historiques à prendre au pied de la lettre, mais des mythes, revus et corrigés par les rédacteurs, dans lesquels la Bible donne sa propre conception du monde et de l’humain. La critique archéologique libère le croyant d’une lecture qui n’a plus de sens aujourd’hui, et lui permet de mieux entendre le message que ce vieux texte cherche à lui délivrer. Si la science ouvre l’esprit à une compréhension nouvelle du devenir du monde, elle ne dit rien quant au sens de ce monde. Elle se contente souvent d’éluder la question, elle ne peut empêcher l’être humain de continuer à se demander si sa présence au monde a un sens particulier ou pas.

     Un autre exemple. La Bible met en scène une série d’événements grandioses qui vont de la sortie d’Égypte, sous la direction de Moïse, jusqu’à la conquête de Canaan avec Josué et la naissance de la royauté de Saül et de David. Dans ces récits, certaines descriptions sont grandioses, comme la traversée de la Mer ou la conquête de Jéricho au son des trompettes. Les auteurs de ces textes ont utilisé visiblement un genre littéraire très précis, l’épopée, pour magnifier un passé lointain autour duquel un peuple doit se rassembler pour assurer sa cohérence et son unité. Ce style de glorification du passé est propre à toute histoire nationale. Les récits du « passé glorieux » permettent de réveiller une nation et de la rassembler autour d’un mouvement de résistance. C’est ainsi que Staline l’athée en appelle à la Sainte Russie et aux victoires du passé contre les chevaliers teutoniques, pour exalter le courage du peuple russe et l’appeler à la résistance contre l’envahisseur nazi.

     Que déduire de tout cela? Je dirai d’abord qu’il ne faut pas avoir peur de la critique scientifique qui remet en question beaucoup d’aspects qu’une certaine lecture naïve de la Bible nous avait fait croire intangibles. L’écriture de la Bible s’étale sur des siècles avant qu’elle prenne la forme définitive qui lui a été donnée à la fin du premier siècle après J.-C. C’est entre les années 78 et 81, durant l’assemblée de Jamnia, que des rabbins se réunissent et fixent les textes qui forment les textes de la Bible hébraïque. La critique historique met à jour les différentes strates des récits et enseignements qui la composent. Cette mise en valeur nous oblige à ne pas tout prendre au même niveau. On y découvre la lente évolution qui s’est faite dans la vie du peuple d’Israël et sa conception du divin.  Le croyant prend alors conscience que le livre des « Saintes Écritures » a été écrit par des hommes de certaines époques et dans des contextes historiques particuliers. Cette lecture critique oblige le croyant de ne pas prendre le texte comme une dictée de Dieu. Même s’il est limité dans son caractère historique, il reste un livre inspiré ou source d’une Parole plus profonde, qu’il faut découvrir et entendre. Ce dernier point nous permet de faire un retour de la question posée au départ.

Roland Bugnon

Fin de la série :
3. L’apport de la Bible à la pensée critique

Article précédent :
Est-ce que toutes les lois de la Bible s’appliquent encore?

 

 

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