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La lampe de ma vie
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chronique du 12 juin 2015

 

Annoncer Jésus, comme Christ et Sauveur 3/5

Christ sauveur

Christ sauveur
Detrempe sur bois, c. 1360-1370
Monastère de Chilandar, mont Athos

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Le but de toute prédication et enseignement biblique est d’annoncer Jésus, comme Christ et Sauveur. Des extraits des évangiles de Jean et de Luc ainsi que des Actes des Apôtres nous permettent de mieux comprendre comment devenir un témoin du Christ.

     Au chapitre 6, Jean propose à ses lecteurs le signe de la multiplication des pains qu’il fait suivre d’un long discours dans lequel Jésus se présente comme le Pain de Vie ou le Vrai Pain descendu du ciel qu’il faut consommer, manger pour obtenir la vraie vie ou la vie éternelle. Manger sa chair et boire son Sang sont donnés comme condition pour vivre de sa vie. Le discours de Jésus suscite une nouvelle fois la polémique et les récriminations. Dans un premier temps, Jésus dénonce l’attitude de ceux qui ne cherchent en lui que des avantages personnels : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » (Jn 6,26) Beaucoup ne comprennent pas ce langage et s’en retournèrent, cessant de l’accompagner.

Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6,67-69)

     Pierre comprend-il mieux le langage de Jésus? Pas sûr! Mais il sait tout ce qu’il a entendu et découvert auprès de lui. Il pose un véritable acte de foi et s’engage à sa suite, se souvenant combien les paroles entendues auprès de lui l’ont comblé de joie ou l’ont fait vivre. « Tu as les paroles de la vie éternelle! » C’est le constat qu’il fait au terme de son parcours et qui lui permet d’ajouter : « Nous croyons que tu es le Saint - ou l’Envoyé - de Dieu! »

Des témoins vivants

     Les paroles de Jésus ont été pour Pierre et ses compagnons « une source d’eau vive » qui les a régénérés en profondeur, revitalisés d’une vie qui n’est pas uniquement la leur, mais dans laquelle ils ont pu identifier l’Esprit de leur rabbi, toujours présent et agissant. Forts de cette expérience personnelle très forte, ils peuvent affirmer avec toutes celles et tous qui les écouteront et qui forment l’Église : « Tu es l’Envoyé de Dieu! C’est le Père qui nous parle en toi! » Les voilà prêts à devenir des témoins annonçant partout que Jésus, le crucifié du Golgotha, est bien le Christ et le Seigneur venu donner la vie au monde.

     L’Église, ce rassemblement d’hommes et de femmes, va naître de ce témoignage vivant, joyeux et enthousiaste qui leur fait dire autour d’eux : Jésus est vivant! Il est Christ et Seigneur! Par son nom nous sommes sauvés! Son chemin nous conduit vers le Père! La première prédication chrétienne est faite de tous les témoignages vivants que les premiers croyants donnent autour d’eux. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les premiers chapitres des Actes des Apôtres. Si les disciples y jouent un rôle particulièrement important, ainsi que Paul après sa conversion, il ne faut pas oublier celui des pèlerins venus à Jérusalem et convertis à la voie nouvelle, les hellénistes comme les nomment les Actes. Leur enthousiasme trop visible leur vaut d’être bousculés par les autorités du Temple. Ils rentrent dans les villes d’où ils sont venus et parlent autour d’eux de la découverte faite à Jérusalem.

     Des communautés particulièrement dynamiques vont naître et l’on connaît tout particulièrement celle d’Antioche qui va prendre une expansion particulièrement grande, avec l’accueil des païens « non-circoncis ». Barnabé est envoyé voir ce qui s’y passe. Un travail de formation est nécessaire. Il appelle Paul pour qu’il vienne l’aider dans sa tâche nouvelle. Une Église « ouverte aux nations dans leurs diversités » y prend naissance et son envol, une Église née de témoignages vivants. C’est la première base de la prédication chrétienne.

L’expérience personnelle comme prédication

     Il me semble important d’insister sur cet aspect de l’histoire qu’une sacralisation des textes, des institutions et des fonctions a trop souvent occulté. Avant le rôle éminent d’un Paul, d’un Barnabé ou de ces hommes que l’on appelle « les Pères de l’Église », il y a des hommes et des femmes qui parlent avec beaucoup d’enthousiasme de leur foi en Jésus, l’unique Seigneur. Comme Pierre, ils ont découvert en lui la source de vie éternelle et le fond savoir autour d’eux, à l’exemple de la Samaritaine (Jn 4,42) devant les gens de son village. À la suite de leur rencontre avec le rabbi de Nazareth, ceux-ci peuvent lui dire : Tu as raison, nous l’avons vu et entendu et nous croyons nous aussi qu’il est l’envoyé de Dieu…

     Et les évangiles, comment auraient-ils pu être écrits avec les rencontres et les anecdotes de la vie de Jésus, s’il n’y avait pas eu le témoignage joyeux et plein d’action de grâces de ceux et celles qui ont vécu ces moments de grâce? Quand une personne a la chance de connaître un événement suffisamment fort pour transformer sa vie, ses amis lui demandent forcément ce qui s’est passé. Le récit bouleversant de ce qui a transformé une vie sur le plan de sa relation à Dieu est la première forme de la prédication. C’est le plan du témoignage vivant. Voyez l’exemple de Paul, le plus grand prédicateur de la foi chrétienne du premier siècle. Tout se passe chez lui à partir de sa propre conversion (Ac 9). Sa vie est transformée à partir de la rencontre qu’il fait avec Jésus. Il peut annoncer partout que Jésus, le crucifié, est bien le Messie annoncé par les prophètes. Il peut en témoigner sur la base de sa propre expérience.

Former une communauté

     Mais avec Barnabé, Paul inaugure un autre type de prédication. Comme je l’ai déjà évoqué, Antioche voit la naissance d’une communauté chrétienne nombreuse à la suite du témoignage vivant des premiers convertis. Lorsque les apôtres apprennent la nouvelle, ils envoient Barnabé, un juif originaire de Chypre et parlant grec, adepte de la voie nouvelle. Il y découvre une communauté chrétienne nombreuse et dynamique, mais peu formée et organisée. Il comprend le travail qu’il faut y faire, mais a besoin d’aide. C’est alors (Ac 11,25-26) qu’il part chercher Paul à Tarse.

     À leur retour, pendant deux ans, tous deux forment cette communauté à une meilleure connaissance des Ecritures et l’organisent suivant le modèle de la synagogue. Mais en plus, forts de la liberté d’action qui fut celle de Jésus, ils baptisent également des gréco-romains, sans leur imposer d’abord la loi mosaïque. Paul et Barnabé donnent à cette nouvelle communauté les instruments qui lui permettent de vivre et de se développer. Parce qu’eux-mêmes ont fait un long travail de lecture et de compréhension des Écritures, ils sont en mesure d’aider leurs frères et sœurs. C’est le rôle du scribe, du rabbin, du pasteur, du prédicateur chrétien qui commence toujours par se former à cette lecture, dans une école spécialisée. Nous sommes là au niveau d’une prédication explicative qui aide le croyant à mieux comprendre ce qu’il lit. Nous en avons une illustration dans les Actes (8,26-40), également en Luc (24,25-26) lorsque le Ressuscité ouvre l’esprit des disciples d’Emmaüs à l’intelligence des Écritures. Le rôle du prédicateur chrétien est fondamentalement celui-là.

     Une question se pose alors : comment le faire plus concrètement? On pourra en parler dans un prochain article.

Roland Bugnon

Lire la suite :
Le temps de l’écriture et le temps de la proclamation

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La fiction au service de la foi

 

 

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