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La lampe de ma vie
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chronique du 16 décembre 2016

 

L’attitude de Jésus face aux « pécheurs » 2/2

Le Jardin d'Eden et la chute de l'homme

La guérison de l'aveugle de naissance. Mosaïque.

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Commençons par rappeler le dialogue polémique qui s’établit entre des pharisiens et l’aveugle de naissance, guéri par Jésus un jour de sabbat en Jean 9. Alors que l’ancien aveugle défend Jésus face à des hommes qui cherchent à le discréditer, ces derniers à bout d’arguments finissent par le jeter dehors avec cette accusation du v. 34 : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Comme le souligne ce simple verset, la maladie  incurable est considérée comme une punition de Dieu et c’est ainsi que les aveugles et les sourds, les estropiés et paralysés, les lépreux sont mis dans une catégorie sociale que l’on appelle « les pécheurs ». On y ajoute les publicains, les non-juifs ou païens, les prostituées et divers métiers obligés de manipuler des matières dites impures.  Comment Jésus réagit-il face à cette violence ?

Les guérisons sont des libérations

En écrivant son évangile, Marc a pris soin de commencer par présenter à son lecteur l’œuvre de Jésus en Galilée. En quelques récits bien typés, il lui fait découvrir la passion qui anime le rabbi de Nazareth : il est venu libérer l’homme de tout ce qui l’empêche de vivre et d’exister ou l’enferme dans une fausse culpabilité. Suivons quelques éléments du texte évangélique pas à pas.

Un lépreux vient auprès de lui ; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (Mc 1,40-41).

Marc insiste sur la compassion de Jésus pour cet homme; elle est manifeste dans son geste d’étendre la main sur lui pour le toucher. N’était-ce pas la plus belle manière de lui faire comprendre que Dieu l’aimait avec tendresse. Le libérer de sa culpabilité, lui faire retrouver sa dignité et le réintégrer au sein de la communauté humaine sont aussi importants que le guérir de sa lèpre.

Un peu plus loin Marc raconte la guérison d’un paralysé :

Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » (Mc 2,3-5)

Le récit est très imagé. On cherche à comprendre comment ces hommes vont faire pour hisser le paralytique sur le toit et le descendre jusqu’à Jésus. Encore une fois, ce dernier commence par parler au malade. On attend de lui une parole qui le libère de sa paralysie. Non ! Il commence par lui dire : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. ». Cette parole libère l’homme de la culpabilité qui a pu s’accumuler en son cœur durant ses années de maladie. Alors que Jésus invite le paralysé à se relever et à marcher, une polémique commence. Le pardon des péchés ne plaît pas à tous.

L’appel d’un « pécheur »

Tout de suite après, Marc place le récit de l’appel de Lévi, le publicain. Il appartient à ce groupe d’hommes qui travaillent avec l’occupant romain pour lequel il collecte l’impôt. À ce titre-là, haï par tout un peuple, il a été classé parmi les pécheurs. Cela n’empêche nullement Jésus de l’inviter à le suivre et à devenir l’un des Douze. Lévi est comblé de joie. Il veut célébrer cet événement  qui le bouleverse, en invitant ses propres amis publicains à sa table, en compagnie de Jésus et ses disciples. La désapprobation est totale :

Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples… Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples : « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,15-17)

Le mépris dans lequel sont tenues certaines personnes, du fait de leur état, de leur travail, de leur origine ou nationalité, appartient à une « violence ordinaire » qui s’accentue par le fait de l’attribuer à Dieu. Jésus s’insurge contre cette situation et rappelle à ceux qui croient bien connaître Dieu que ce dernier ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive.

En Mc 3,1-6, la polémique qui oppose Jésus aux autorités religieuses de son temps, les scribes et les pharisiens, atteint son paroxysme. Jésus participe à la célébration d’un sabbat. Dans la synagogue est présent un homme à la main atrophiée :

On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser. Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-toi, viens au milieu. » Et s’adressant aux autres : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de tuer ? » Mais eux se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale. (Mc 3,1-6)

Jésus veut faire comprendre le sens de sa démarche; il ne rencontre qu’un refus de toute discussion. Pour les uns, la loi qui accompagne la célébration du sabbat ne souffre aucune exception; pour Jésus, le sabbat évoque la libération de l’esclavage du peuple d’Israël en Égypte. Pour Jésus, c’est le désir de Dieu que la libération de l’homme enchaîné s’exerce précisément en ce jour de sabbat. Il fait sauter le verrou d’une loi qui ne souffre aucune exception. Ses adversaires ne le lui pardonneront pas. Marc note en fin d’épisode : « Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr. » (Mc 3,6)

La violence contre Jésus

Désormais, Jésus va devoir affronter la haine et la violence qui se déchaînent contre lui, chaque fois que ses gestes et ses paroles remettent en cause l’image du Dieu qui juge et condamne au nom d’un Loi implacable. Dès le début de son évangile, Marc les inscrit dans une double perspective : d’un côté, il souligne de quelle manière Jésus fait apparaître dans ses actions le visage d’un Dieu « Bonne Nouvelle » pour tous les hommes, plein d’amour et de miséricorde pour les laissés-pour-compte et les petits, désireux de redonner vie à tous ceux qui souffrent, sont malades ou gisent dans le fossé de la désespérance.

En face à lui, sont placés ses adversaires qui ne veulent rien changer, utilisent la loi divine comme une contrainte absolue, une caution religieuse qui leur donne le droit de condamner et de rejeter tous ceux qui n’observent pas cette loi. Cet antagonisme ira grandissant tout au long de l’évangile et finira par la condamnation de celui qui osa dire que « le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27). Dans cette opposition sourde qui commence en Galilée et s’achèvera à Jérusalem par une condamnation à mort sur la croix, deux conceptions de la divinité s’affrontent. Dans l’ensemble des faits et gestes de Jésus apparaît le visage d’un Dieu miséricordieux dont la priorité et l’unique désir sont de partager son amour et sa grâce à tous les humains. Face à lui se dressent des hommes qui estiment que toute proximité d’un rabbi avec les pauvres et les pécheurs souille la sainteté de Dieu. L’incompréhension est totale. Ils n’auront de cesse que Jésus soit condamné à mort, croyant ainsi défendre l’honneur de Dieu. Ce terrible choix de la violence nous renvoie à celui de toutes les institutions religieuses qui, au long de l’Histoire, croiront honorer Dieu de cette manière. Si l’on revient à son enseignement, Jésus n’est manifestement pas de cet avis

Nous reviendrons plus tard sur cette question, lorsque nous parlerons de la condamnation à mort de Jésus. Avant cela, il faut analyser le message de Jésus sur la violence et ce qui en est la cause. En la matière, il fait preuve d’une originalité totale.

Roland Bugnon

Article précédent :
L’origine du mal et de la violence selon la Bible

 

 

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